Vingt-trois ans après le décès du Capitaine sénégalais Mbaye Diagne qui a perdu sa vie après avoir sauvé des centaines de vies humaines en danger de mort durant le génocide perpétré contre les tutsis en 1994 , des sénégalais du pays et de la diaspora ont adressé une pétition au Président Macky Sall lui demandant que l’une des rues de Dakar soit baptisée en son nom en mémoire de ses actes héroïques.

Cpt Mbaye Diagne , un des casques bleus de l'ONU qui a sauvé plus d'un millier de personnes en danger durant le génocide contre les tutsis (photo-internet)

La demande de réhabilitation du Capitaine Diagne intervient au moment où ses compatriotes connus sous le nom des « Tirailleurs sénégalais »qui ont combattu aux cotés de l’armée française durant les deux guerres mondiales sont de nos jours reçus à l’Elysée et bénéficient de la nationalité française en reconnaissance de leurs actes de bravoure.

Les auteurs de la pétition avancent que, le Cpt Diagne qui était au Rwanda en 1994 en tant que l’un des militaires envoyés par l’Organisation des Nations Unies (ONU) en mission d’observation reste méconnu des ses compatriotes alors qu’il a posé des actes heroiques au Rwanda-même durant le génocide contre les tutsis en cessant d’être simple casque bleu, mais en se présentant comme un vaillant militaire épris de sauver la vie aux personnes -cibles des génocidaires enragés.

Alors que les casques bleus alors commandés par le Général canadien Romeo Dallaire n’avaient pas reçu le mandat d’intervenir pur arrêter les massacres en cours en 1994, le Cpt Diagne âgé de 36 ans seulement à l’époque s’est armé de sa bravoure et a entrepris de sauver plus de 1000 vies en danger au prix de la sienne.

Le Rwanda garde sa reconnaissance au Cpt Diagne

En reconnaissance de cet héroïsme, le Président Paul Kagamé lui a décerné à titre posthume le « Prix Umurinzi ( protecteur) » en 2010.

Devant Mme Yacine Mar Diop, veuve du Cpt Diagne et ses deux enfants, le Président
Paul Kagamé avait alors déclaré en sa mémoire, « pour votre bravoure et votre sacrifice pendant le génocide de 1994, et pour montrer au monde la vraie signification de l’Ubuntu (générosité) africain, le peuple rwandais vous sera toujours redevable ».
Les mérites du jeune capitaine ont également fait écho hors du Rwanda car, en octobre 2014, en Italie, le Jardin des Justes du Monde de Padoue lui a rendu un vibrant hommage.
De même, à l’occasion de la 17ème commémoration du génocide perpétré contre les tutsis en 1994, le Cpt Diagne a été honoré à titre posthume par Mme Hilary Clinton alors Secrétaire d’Etat américaine.

Un militaire au grand cœur, un capitane exemplaire

Les camarades de camp du Cpt Diagne expliquent encore aujourd’hui que ce dernier a multiplié les missions de sauvetage en emmenant des civils en danger de mort dans les camps de l’ONU, ignorant les exactions et les menaces des nombreux miliciens « Interahamwe » qui étaient éparpillés partout sur les routes et dans les quartiers.

D’autre part, explique l’un de ses camarades, la mission de l’ONU qui ne se limitait qu’à la simple observation ne lui facilitait pas la tâche.
« Nous n’avions même pas droit à un couteau » explique le Colonel Mamadou Sarr, lui-même membre de la mission de l’époque, avant d’ajouter, « nous n’avions que la parole pour venir en aide aux civils ».

En fin négociateur comme cela est mentionné dans les écrits de la journaliste britannique Linda Melvern qui le traite de « maitre dans l’art de négocier », le Cpt Diagne a permis l’échange de plusieurs prisonniers grâce aux négociations conduites entre l’Armée Patriotique Rwandaise et les partisans du gouvernement rwandais de l’époque,

Sous la menace de l’assassinat de la Première Ministre de l’époque, Uwilingiyimana Agathe, le Cpt Diagne se propose comme volontaire pour la sauver, mais ne pouvant pas contrecarrer les agents de la garde présidentielle en mission de la tuer, il parvient tout de même à sauver ses 5 enfants et à les conduire à l’Hôtel des Milles Collines d’où ils auront la vie sauve avant d’être transférés en Suisse.

Touché par un éclat de mortier , le Cpt Diagne mourra après avoir sauvé plus d’un millier de rwandais en danger, toutes ethnies confondues, mais son héroïsme l’immortalisera pour toujours .

Jean Louis KAGAHE