https://www.traditionrolex.com/25 Rwanda-gouvernance : les maisons délabrées des rescapés accusent l’administration

Rwanda-gouvernance : les maisons délabrées des rescapés accusent l’administration

Par 2015-03-19 14:41:33

[caption id="attachment_468" align="alignnone" width="768"]Le Patron du Ministère de l'Administration locale Francis Kaboneka déplore l'état de lieu de mauvaises maisons pour les rescapés du génocide de 1994 (Photo Archives) Le Patron du Ministère de l’Administration locale Francis Kaboneka déplore l’état de lieu de mauvaises maisons pour les rescapés du génocide de 1994 (Photo Archives)[/caption]

Les entrepreneurs et les autorités de base qui sont principalement auteurs de la mauvaise construction des maisons pour les rescapés du génocide contre les Tutsi, doivent répondre de leurs actes comme la dernière retraite nationale « umwiherero » s’en est prononcée. Le Ministre de l’Administration locale (MINALOC), Francis Kaboneka, déplore qu’aujourd’hui plusieurs milliers de rescapés n’ont pas d’abri (maisons), 20 ans après la période des urgences. Il en regrette et demande aux Rwandais d’œuvrer de concert pour sortir de cette situation critique.

La période des urgences post-génocide est finie, il y a au moins 15 ans. Juste après ce drame du dernier siècle, les autorités rwandaises ont établi des priorités pour le Rwanda qui était déjà traumatisé et déchiré sous tous ses aspects.

Petit à petit, la vie a repris son cycle normal par le concours de tous les Rwandais. Les plus vulnérables comme les veuves du génocide, les orphelins, les malades et autres victimes du génocide, ont reçu l’appui moral, psychologique et financier. Tantôt c’était des vivres, tantôt des maisons, tantôt des soins médicaux. Coup de chapeau donc à tout le monde qui a contribué à la réhabilitation de ces survivants du drame.

Mais à 20 ans, on est persuadé que plusieurs problèmes accablent toujours les rescapés du génocide. Entre autres, leurs maisons sont mal construites et nombreux d’entre eux (1687 suivant une enquête du Fonds d’Assistance pour les Rescapés du Génocide contre les Tutsi-FARG) n’ont pas d’abri ni une quelconque bicoque pour se protéger contre les divers intempéries.

Selon un rapport élaboré par la Commission Parlementaire de la Gestion des Biens Publics (PAC), "De milliers de rescapés passent encore la nuit dans des maisons délabrées, ou sont obligés de s’abriter dans des maisons de fortune".

C’est une critique que nul ne supporterait ! Le Ministre de l’Administration locale, Francis Kaboneka, s’en est aperçu et regrette devant les parlementaires, ce lundi dernier.

Corruption et informations erronées

Les autorités des entités de base (village, cellule, secteur et district) sont ceux qui connaissent exactement comment les entrepreneurs ont réduit le coût réservé à la construction des maisons pour les rescapés du génocide.

"Une autorité du secteur administratif de Rugalika (district de Kamonyi, Sud) est venu nous dire que nous devrions dire aux agents du MINALOC en inspection, que nos maisons sont bel et bien achevées et qu’elles ont été construites correctement", s’acharne Jean Baptiste Muhoza du secteur administratif de Rugalika. Ce dernier a dit que la même autorité est revenue pour lui dire qu’il devra dire aux agents de la Présidence de la République que sa vache reçue dans le cadre de la politique de la réduction de la pauvreté , "Une vache par famille pauvre", produit 20 litres de lait par jour, alors qu’elle ne peut pas, en réalité, avoir deux litres. "J’étais sous menace des dirigeants à tous les échelons du district de Kamonyi et je n’avais pas d’autres issues", s’indigne Jean Baptiste Muhoza.

Ce rescapé du génocide dont la maison a survécu au vent violent dans la cellule de Sheli du district administratif de Kamonyi, atteste que toutes les maisons construites au compte des rescapés sont mal construites.

"Un simple vent qui a soufflé le mois de février dernier a emporté les toits de neuf maisons. Les dirigeants, tout en sachant qu’elles sont mal construites, ont pourtant donné aux entrepreneurs tous les documents attestant la bonne fin des travaux accomplis ", regrette le vieux Muhoza. Ce dernier dénonce la corruption dans la construction des maisons pour les rescapés ainsi que des faux rapports soumis à l’échelon supérieur de l’administration.

Théodette Uwamaliya qui habite la cellule administrative de Sheli que Muhoza, a déclaré qu’au cours de 10 ans écoulés, plus de 12 maisons sur sa colline ont été secouées par des vents violents. "Personne ne se souvient ici qu’il y avait une dizaine de maisons. Je me souviens, certaines étaient déjà démolies par des vents avant même leur achèvement", regrette-t-elle la petite considération réservée aux maisons pour les rescapés.

A l’époque où le Sénateur Tito Rutaremara était l’Ombudsman du Rwanda, il avait montré dans un rapport, une maisonnette vue comme un hangar destiné pour une veuve du génocide contre les Tutsi dans le district administratif de Nyaruguru, Sud. Ledit hangar était fait par quatre ou six tôles sur sa toiture et quelques arbres qui les supportent. Le mur était fait des feuilles d’eucalyptus…

Jean d’Arc Uwizerwa dont la grande sœur vit à Nyanza, Sud, a quant à elle montré que les maisons pour les rescapés qui sont entrain d’être construites à présent, sont relativement acceptables.

"Elles sont évidemment en briques adobe mais cette-fois-ci, dotées des fenêtres métalliques à la place de celles faites en bois d’autres fois. En outre, les maisons sont bien construites et de plus en plus élargies", a-t-elle présenté.

Rigueur de la loi et respect des promesses

La dernière retraite de l’Exécutif rwandais tenue au Camp d’Entraînement Militaire de Gabiro, Est, est revenue sur de faux rapports issus des gouvernements locaux (districts administratifs) sous la terminologie de "gutekinika", autrement des rapports truqués et erronés. Les leaders politiques invités dans cette retraite ont envisagé des retouches sur certains aspects de développement endormis et projets mal faits (comme la mauvaise construction des maisons pour les rescapés), ils ont décidé de poursuivre en justice les entrepreneurs et les dirigeants des instances de base qui ont joué un rôle dans toutes les manigances qui freinent le développement du pays en l’occurrence, ceux qui ont trempé dans la corruption. La retraité a envisagé le recours à la loi pour appréhender les fautifs.

Comme le septennat du Président de la République Paul Kagame est à deux ans de sa fin, la retraite a consisté en outre, à rappeler aux dirigeants que le moment est venu pour faire le bilan des réalisations promises lors de sa campagne présidentielle de 2010. On comprend que les maisons pour les rescapés en mauvais état conduiront, tôt ou tard, certains dirigeants dans la prison. A 20 ans post-génocide, la question d’habitation pour les rescapés du génocide contre les Tutsi aurait été close…

 

Safari Byuma

 


 

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