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Sud-Kivu : Que font les fonctionnaires ?

Par 2015-04-09 18:40:09

[caption id="attachment_642" align="alignnone" width="768"]A Bukavu, les fonctionnaires impayés doivent trouver d'autres moyens de survie A Bukavu, les fonctionnaires impayés doivent trouver d’autres moyens de survie[/caption]


 

Sans salaires décents, sans moyens et sans conscience professionnelle, la plupart des agents de la Fonction publique congolaise n’assurent pas les services qu’on attend d’eux et ne remplissent pas les caisses de l’Etat. Un état des lieux.

 

Je suis ici pour 20 minutes, car je dois rencontrer une cliente qui peut me fournir 20 kg de farine à crédit, explique une fonctionnaire de la division provinciale du Travail de Bukavu. Je suis incapable de survivre avec l’équivalent de 10 $ de salaire mensuel, je suis obligée de trouver chaque jour des alternatives de survie, sinon nous allons tous mourir. ″

Aux salaires insignifiants s’ajoutent, pour les agents de la Fonction publique congolaise, une absence de moyens de fonctionnement et de pénibles conditions de travail : bureaux sans chaises, vieilles machines à écrire, portes mal fermées à l’aide d’un simple cadenas. Les locaux des divisions de la Fonction publique du chef-lieu du Sud-Kivu, installés dans des bâtiments administratifs hérités de la colonisation, inspirent à la fois la pitié et la honte.

L’équipe est essentiellement composée de personnes du troisième âge, attendant ″depuis quinze ans la mise à la retraite qui ne vient pas″, regrette Modeste Mutabesha, un septuagénaire. Nombre d’entre eux mènent d’autres activités pour compléter leur salaire : ils vendent du sable, du gravier, des moellons et d’autres matériaux de construction. Certains tiennent des débits de boisson. A l’intérieur de la province, la situation est encore pire.

Le Réseau de distribution d’eau (Regideso), une entreprise publique, fait figure d’exception au sein des services publics. ″La Regideso est réputée comme le service le mieux organisé, car il paie son personnel avec les recettes provinciales″, déclare Léa Namavu, abonnée depuis dix-sept ans.

″L’eau est payée en fonction de la consommation et les agents ont l’interdiction de percevoir de l’argent sans quittance″, déclare Baudouin Mihigo, directeur provincial de la Regideso au Sud-Kivu. ″La centralisation de l’argent dans une caisse facilite le contrôle et une paie mensuelle équitable et les agents qui contreviennent à ces règles encourent de lourdes sanctions″, ajoute-t-il.

 

Désertion générale

Dans la plupart de services, les agents mal payés désertent leurs bureaux. ″C’est un non-sens de m’exiger huit heures de travail alors que je suis impayé pendant plusieurs mois″, remarque Immaculée Wasso, huissière.

Même les chefs s’absentent. ″Je n’ai pas besoin de rester au bureau tant que je n’ai pas un seul visiteur″, estime un chef de division qui a préféré taire son nom. ″Lorsque quelqu’un me cherche au bureau et qu’il me trouve absent, il peut toujours appeler. Mon numéro de téléphone est affiché à la porte.

Vunanga Mushama, ancien chef de division des Transports et voies de communications, a tenté de contrôler les horaires de travail de ses agents : ″J’ai initié une liste de présence qui consistait à signer à l’heure d’arrivée le matin et l’heure de la sortie. Ce système n’a fonctionné que durant deux semaines !″, se rappelle-t-il avec regret.

Ce manque de conscience professionnelle pénalise les citoyens qui attendent des heures ou des jours pour voir leurs dossiers traités et qui doivent, le plus souvent, payer au préalable pour ces services mal rendus.

 

Pas de sanctions

Jamais contrôlés, ni sanctionnés, les fonctionnaires disent n’avoir de compte à rendre à quiconque. ″Personne ne peut me faire partir de la Fonction publique puisque je jouis d’un numéro matricule hérité des Blancs″, déclare un chef de division.

Généralement, ils ont été recrutés par les chefs coutumiers, parmi les membres de leur famille ou leurs proches. Ils ne sont guère motivés par le service public attendu d’eux, mais plutôt préoccupés à gagner de l’argent pour le rapporter aux supérieurs qui les ont embauchés.″C’est mon grand frère qui m’a amené ici, je ne suis donc redevable qu’à lui″, déclare un percepteur.

Les fonctionnaires qui ont un numéro matricule, essaient, eux aussi, de tirer profit de leur emploi. A quelques exceptions près, la corruption est devenue de règle. Très peu se préoccupent de remplir les caisses de l’Etat.

Thaddée Hyawe-Hinyi

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