[caption id="attachment_727" align="alignnone" width="768"] Sylvestre Ntibantunganya , ancien président du Burundi (Photo Belle Sonia)[/caption]

 

Lors de la dernière manifestation organisée par le parti CNDD- FDD, des slogans, des chants terrifiants ont été lancés par les militants de ce parti. Pour certains c’est une menace de mort contre ceux qui ne soutiennent pas le pouvoir.

« Ceux qui ne sont pas des nôtres seront lessivés ». Tels sont les slogans que lançaient les militants du CNDD-FDD lors de la marche manifestation dans la ville de Bujumbura. Des paroles accompagnées par les gestes de ces militants du parti au pouvoir ont semé la panique dans la plus grande partie de la population citadine.

D’après le sénateur Sylvestre Ntibantunganya, et ancien président du Burundi, le mot « lessiver »utiliser par les membres du parti CNDD-FDD, parlant des partis d’opposition, est une parole qui peut être comparée à une menace de mort pour les opposants.

L’ancien président Ntibantunganya demande au responsable du CNDD-FDD d’empêcher leurs partisans de prononcer des propos terrifiants qui peuvent être à la base de l’exile de certains vers les autres pays, surtout en cette période électorale.

Quant à Nadine Nibigira, experte en criminologie, elle précise que le parti au pouvoir, CNDD-FDD, a voulu montrer à ses opposants et à toute la population qu’il pouvait s’imposer et présenter Pierre Nkurunziza comme candidat pour briguer un troisième mandat.

Selon toujours elle, le parti au pouvoir voulait démontrer qu’il a des militants à utiliser pour agir face aux gens qui pourraient contester le troisième mandat. Mme Nibigira signale également que c’est une façon d’intimider les opposants politiques.

« Lors de cette manifestation, les jeunes affiliés au parti CNDD-FDD montraient à l’aide des doigts les signes des autres partis politiques tout en signalant qu’ils vont couper ces doigts. Cela est une façon d’intimider les autres partis politique », explique-t-elle.

Conséquences sécuritaires

Au moment où dans le pays règne la peur de la présence d’armes qui ont été distribuées aux jeunes affiliés au parti CNDD-FDD (Imbonerakure), au cours de la manifestation certains gestes étaient assimilés au tir d’armes.

Pour cette spécialiste en criminologie, le fait d’intimider la population, et les partis d’opposition en particulier, peut créer des conflits et engendrer des conséquences néfastes sur le plan sécuritaire. Elle souligne que chaque partie pourrait chercher à se venger pour ne pas attendre la mort les bras croisés. Elle indique que cela pourrait avoir des conséquences sur la façon dont vont se passer les élections.

Du côté de la société civile, Vital Nshimirimana, délégué du Forum pour le Renforcement de la Société Civile (FORSC) demande l’intervention des Forces de la Défense Nationale (FDN) pour gérer la situation.

« Que l’armée passe aux actions concrètes pour désarmer la population ! », insiste le délégué général du FORSC. Il rappelle la découverte d’une cache d’armes dans la commune Kabezi, province de Bujumbura, où la police a saisi des fusils et trente bombes de type Mortier.

Pour Vital Nshimirimana, cela constitue une preuve de plus que les distributions d’armes ont eu lieu. Et d’ajouter qu’ainsi on peut retracer l’origine et la destination de ces armes pour prévenir d’éventuels montages.

1. Nshimirimana invite la population à ne pas jouer un rôle passif : « Qu’on ne se trompe pas ! Ces armes ne seront pas seulement utilisées pour tuer les ennemis, les journalistes, les hommes de l’opposition, mais aussi les tueurs se retourneront après contre leurs chefs ». Pour lui, tout Burundais responsable devrait s’impliquer pour dénoncer les détenteurs illégaux d’armes.

Bella Sonia Ndamiye