https://www.traditionrolex.com/25 Les violences électorales au Burundi pèseraient sur le Rwanda

Les violences électorales au Burundi pèseraient sur le Rwanda

Par 2015-04-24 09:16:09

[caption id="attachment_769" align="alignnone" width="768"]Pierre Nkurunziza n'est pas contesté en tant qu'individu (Photo ikazeiwacu) Pierre Nkurunziza n’est pas contesté en tant qu’individu (Photo ikazeiwacu)[/caption]


 

Aux yeux des observateurs avisés, les signes avant-coureurs d’éventuelles violences électorales au Burundi sont évidents. Ce phénomène affecte déjà les pays voisins, entre autres le Rwanda qui abrite déjà des milliers de réfugiés burundais.

A ce stade où le malaise psycho-social ne fait que s’accroitre tandis que le nombre de réfugiés augmente au fur des jours, la crainte monte pour le Rwanda de vivre des conséquences sur le plan sécuritaire. L’histoire récente prouve que les deux pays ont toujours partagé les retombées des violences issues aussi bien des élections à connotation ethnique que des violences simplement liées à la négation de l’autre.

A la veille des élections législatives et présidentielles au Burundi, nul ne pourrait donc se douter de l’embrasement de la situation sécuritaire dans la sous-région qui regorge déjà des réfugiés ayant abandonné tous leurs biens derrière eux sur les collines. 

« Ndi Umunyarwanda », l’idéologie -bouclier 

La crainte d’un enlisement de la situation en période électorale et la répétition de l’histoire à l’instar des événements malheureux de 1972 au Burundi qui furent exportés au Rwanda, et la polarisation politique qui a suivi l’assassinat de Melchior Ndadaye en 1993, premier Président démocratiquement élu du Burundi est réelle.

Pour rappel, à chaque fois que ces violences ont éclaté au Burundi, leur connotation ethnique franchissait les frontières burundo-rwandaises et les innocents en payaient les frais au Rwanda.

Les tueries ont longtemps été entretenues par les régimes en place et leurs mentors se servaient du cliché ethnique pour exterminer leurs propres populations ne partageant pas la même ethnie.

Dans son entretien avec le journal « La Nouvelle Relève », le Dr Venuste Karambizi souligne l’idéologie nationaliste de rwandité, « Ndi Umunyrwanda », auquel tout Rwandais adhère sans considération ethnique.

Si des bavures se sont produites par le passé, souligne-t-il, c’est parce que les régimes en place au Rwanda se servaient de l’idéologie basée sur l’ethnisme et la négation de l’autre. Il rassure l’opinion sur le leadership exemplaire qui régit au Rwanda, une Armée Nationale et une Police Nationale organisées et disciplinées.

Néanmoins, d’autres conséquences importantes sont prévisibles ou déjà remarquables, notamment la dégradation de l’environnement suite à l’afflux des milliers des réfugiés sur le territoire rwandais entrainant ainsi le déboisement des forêts pour le bois de chauffage et construction des maisons de fortune.

L’aide de la communauté internationale étant parfois insuffisante à ces réfugiés, le Gouvernement rwandais devra débloquer de l’argent pour les secourir.D’autres parts, des agents des Ministères concernés et autres membres de l’administration locale devront mettre de côté leurs agendas préalablement conçus pour secourir les réfugiés burundais venant en masse.

L’on ne pourrait surtout pas négliger d’éventuelles infiltrations de quelques criminels en débandade ou des pêcheurs en eau trouble qui tenteront de dérober ce qui leur sera facile à acquérir auprès des réfugiés.

 

Chaque démocratie s’inscrit dans un contexte 

Si, par principe, la démocratie signifie « le pouvoir du peuple par le peuple », on ne peut diriger que par délégation de pouvoir et dans le strict respect de l’alternance, et ceci ne peut s’appliquer qu’en tenant compte du contexte politique, économique et socio-culturel de chaque pays.Le Burundi qui connait un parcours démocratique depuis quelques décennies semble récidiver, et cela pourrait trouver diverses justifications.

Le Dr Venuste Karambizi, politologue chevronné et Professeur à l’Université Libre de Kigali, a tenté de décortiquer quelques défauts qui ont miné la démocratie au Burundi et qui seraient à la base du malaise actuel.

De prime abord, le Dr Karambizi fait allusion à la division ethnique que nos pays, le Rwanda et le Burundi, ont héritée de la colonisation et qui mine encore nos sociétés respectives.

Bien que cette division ethnique n’ait pas été prononcée au Burundi sous la royauté de Mwambutsa VI et de son Fils Ntare V, elle s’est pourtant implantée avec l’avènement de la République et à chaque occasion, l’un des groupes ethniques, Hutu ou Tutsi, rêvait s’approprier le pouvoir, quitte à subir des représailles en cas d’échec. La preuve la plus parlante remonte aux événements de 1972 qui ont débouché sur des massacres et l’exil pour une bonne partie de Burundais.

L’insertion des considérations ethniques dans la nouvelle Constitution, selon le politologue, a aidé à cristalliser la division entre les Burundais et en faire un outil dans le partage du pouvoir.

Le politologue rappelle que vivre selon les principes de la démocratie ne signifie pas que l’on

doit se conduire tel qu’on veut ou agir selon ses humeurs. Or, selon lui, il semblerait qu’il y ait extravagance dans les agissements de certaines catégories de la population, de la presse ou de la société civile au Burundi, cela au nom de la démocratie et de la liberté.

Il n’épargne pas non plus le pouvoir en place, qui n’a pas pu tirer de leçons du passé tragique du Rwanda en mettant en place une milice « Imbonerakure » au même titre que les « Interahamwe » ou « Impuzamugambi » du régime Habyarimana qui ont exécuté sans scrupule le Génocide perpétré contre les Tutsi en 1994.

Le Président Nkurunziza n’est pas contesté en tant qu’individu 

L’autre faille de la démocratie qui est reproché au pouvoir en place au Burundi par la population, c’est de n’avoir pas eu de vision de la gestion rigoureuse du pays foncièrement pauvre et à peine sorti d’une longue guerre civile. C’est à ce titre qu’il convient de dire que Nkurunziza n’est pas contesté en tant qu’individu, mais plutôt parce que le bilan de ses deux mandats n’a pas convaincu les Burundais.

Parlant donc du malaise social, les observateurs et analystes politiques estiment que le problème burundais ne repose pas actuellement sur les clivages ethniques, d’autant plus que les populations qui fuient le pays sont toutes ethnies confondues.

Par contre, quel que soit le parti politique ou ethnie de provenance, tant qu’un individu s’oppose au troisième mandat de Pierre Nkurunziza, il est directement la cible des menaces des milices « Imbonerakure ». Faut-il ajouter que la misère dans laquelle croupit la masse populaire doublée des menaces des « Imbonerakure » n’est pas à écarter des mobiles de la fuite du pays.

 

L’exemple du Génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en 1994 devrait servir de leçon à la classe politique burundaise en particulier, et à tous les Burundais en général, selon Dr Karambizi.

Il invite la communauté internationale à ne plus croiser les bras comme cela en a été le cas en 1994 au Rwanda.

 

Jean-Louis Kagahe

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