[caption id="attachment_851" align="alignnone" width="768"] la police lance des gaz lacrimogènes pour disperser les manifestants (Photo Bella Sonia)[/caption]

 

Manifestants et forces de l’ordre se sont affrontés depuis dimanche 26 avril à Bujumbura, au lendemain de l’annonce de la candidature du Président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat à la tête du Burundi. Au moins deux personnes ont été tuées par balles. L’opposition appelle toujours à de nouvelles manifestations.

Au moins deux personnes ont été tuées par balle à Bujumbura dans des heurts entre la police et des milliers d’opposants à la candidature pour un troisième mandat du Président sortant Pierre Nkurunziza.

Les affrontements ont éclaté dimanche matin, dans plusieurs quartiers de la capitale burundaise. Des scènes de violences ont notamment eu lieu dans le quartier de Cibitoke, au nord de la capitale. Il y avait des jeunes qui jetaient des pierres d’un côté et des policiers répondaient par le tir des gaz lacrymogènes. Des camions anti-émeutes sont entrés en action et des canons à eau ont été utilisés pour disperser les manifestants. Une eau teintée de bleu, pour pouvoir plus facilement retrouver ensuite les manifestants.

Quelques centaines de jeunes se sont d’abord rassemblés aux coins des rues, dans le but de rejoindre la Place de l’Indépendance dans le centre de Bujumbura où l’opposition avait appelé à se rassembler. Les manifestants disaient réclamer le droit à manifester pacifiquement, comme l’avait fait la veille, samedi le 25 avril, les partisans du CNDD-FDD, le parti au pouvoir. Mais ils en ont été empêchés par un fort dispositif policier déployé depuis les premières heures de la matinée. Ces manifestations continuaient mercredi dernier et la police essaie de bloquer les manifestants à tout accès au centre ville de Bujumbura.

Les principales radios privées brouillées

Les émetteurs relais des trois principales radios indépendantes du Burundi - les radios Bonesha FM, Isanganiro et RPA - ont été brouillés dimanche par le gouvernement, empêchant la réception des émissions en province. Le gouvernement accuse ces radios d’inciter la population « au soulèvement », selon Patrick Nduwimana, directeur de la Bonesha et président de l’association burundaise des radiodiffuseurs du Burundi (ABR). « Depuis, nos radios sont écoutées uniquement dans la capitale. Personne ne peut nous capter à l’intérieur du pays », a-t-il précisé, en dénonçant une « violation grave du droit à l’information ».

Par ailleurs, ces trois radios privées ont été intimidées dans la matinée de dimanche : Bonesha FM, Radio Isanganiro, et la RPA (Radio publique africaine). Trois ministres à savoir celui de l’Intérieur, celui de la Sécurité Publique et celui de la Communication - se sont présentés au siège de la RPA à 11h du matin, heure locale, accompagnés de nombreux policiers. La radio diffusait depuis le matin des reportages en direct sur les manifestations en cours dans les quartiers périphériques de Bujumbura.

« Le Burundi s’apprête aux élections de 2015, nous constatons que certains faits peuvent perturber la paix et la sécurité dans notre pays », a expliqué Edouard Nduwimana, le ministre de l’Intérieur, Il pointe des « risques de débordements, à cause des médias, à cause essentiellement de la RPA, qui retransmet en direct ce genre de soulèvement. » Le ministre a affirmé que les responsables de la radio avaient accepté de se ranger à ces arguments.

Malheureusement le lundi 27 avril, la Maison de la Presse a été littéralement prise d’assaut par des éléments de la police. Objectif : mettre fin à la synergie des médias qui travaillaient ensemble pour diffuser en direct les manifestations. Et la Radio Publique Africaine a été suspendue temporairement par l’ordre du procureur en mairie de Bujumbura.

 

Bella Sonia Ndamiye