https://www.traditionrolex.com/25 Sud-Kivu : Rugenda Banga, en veste la semaine, la houe le week-end

Sud-Kivu : Rugenda Banga, en veste la semaine, la houe le week-end

Par 2015-03-03 16:21:09

[caption id="attachment_200" align="alignnone" width="768"]Comme ces femmes, Rugenda Banga pratique aussi le petit élevage et des activités agricoles Comme ces femmes, Rugenda Banga pratique aussi le petit élevage et des activités agricoles[/caption]

Dans le quartier Kasha, à Bukavu, Rugenda Banga troque sa veste d’agent de bureau la semaine pour sa houe le week-end. Des activités fatigantes, mais bénéfiques pour sa famille.

″Du lundi au vendredi, je suis au bureau où j’assume les fonctions de secrétaire dans une entreprise de transport à Bukavu. Les jours de congé et les samedis, je les consacre aux activités agricoles et mes dimanches sont réservés à la prière ″, fait savoir Rugenda Banga.

Bientôt la soixantaine révolue, ce cadre de bureau, marié et père de cinq enfants, partage ainsi ses journées entre son bureau et le labour avec les autres membres de son association ″Orhashweka arhashwekulwa″ (ndlr : celui qui ne pratique pas d’élevage ne peut pas avoir de quoi payer une amende).

C’est une structure de 16 membres (12 femmes et 4 hommes) dans la partie rurale de la commune de Bagira à Kasha, à 30 minutes de marche du centre-ville de Bukavu. ″Je termine mes travaux de bureau chaque jour à 13 h, et au besoin à 17 h, pour éviter d’y venir travailler le week-end, aux fins de ne pas compromettre les activités champêtres.″

Secrétaire au sein de son groupement paysan depuis 2004, Rugenda pratique l’agriculture et le petit élevage pour compléter son maigre salaire de bureaucrate. ″A la vente des produits des champs, je m’y retrouve toujours, car je peux avoir entre 70 et 100 $. Aussi, le fait d’avoir en dehors du groupement mes propres champs me permet de trouver des légumes, des arachides, des pommes de terre et de la farine″, souligne-t-il.

″Retour à la terre″

Si, au départ, Rugenda avait du mal à trouver son rythme, entre son travail de bureau la semaine et celui de cultivateur le week-end, il arrive désormais à s’épanouir dans ses activités. ″Ma femme m’aide beaucoup. Quand je suis absent, elle s’occupe des enfants, de la maison″, explique-t-il tout joyeux.

Homme au caractère bien trempé, Jean n’est pas du genre à baisser facilement les bras. ″Je compte acquérir d’autres champs malgré la pénibilité du travail de la terre″, fait-il savoir.

Un courage qui suscite l’admiration de son entourage. ″ Rugenda est un homme ferme, déterminé et pleine de vitalité. Grâce à ses activités, il s’en sort. Il ne compte pas uniquement sur sa femme″, explique Vincent Kakuru, un de ses collègues de bureau.

Ce dernier, suivant l’exemple de Rugenda, pratique dorénavant lui aussi l’agriculture, mais uniquement pendant les vacances, dans son village, en louant les services d’autres personnes pour l’aider à désherber ou planter.

″C’est encourageant de voir des fonctionnaires emboîter le pas aux paysans dans les champs. Avant, certains qualifiaient ces travaux de ‘salissants et durs’. Aujourd’hui, ils ont compris que c’est ce travail qui nourrit la population. C’est le retour à la terre pour tout le monde !″, observe Vincent.

Martin Nshagi, chef du quartier Kasha où Jean exerce ses activités agricoles, est lui aussi admiratif devant tant d’opiniâtreté de la part de son administré : ″ Rugenda est un homme d’action. Il n’est pas de nature à se quereller ou de discourir à longueur de journée dans le village.″ Des compliments et une réussite qui font chaud au cœur à l’intéressé, même si Rugenda relativise et se met à rêver : ″Il n’est pas toujours facile de concilier foyer, bureau et travaux champêtres.″
Rugenda Banga ambitionne à présent de ″regrouper les jeunes et les femmes en coopératives afin de les amener à mieux se prendre en charge et à bénéficier de crédits.″

 

Thaddée Hyawe-Hinyi


 

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