https://www.traditionrolex.com/25 Cinéma : les Rwandaises assoiffées de savoir

Cinéma : les Rwandaises assoiffées de savoir

Par 2015-12-14 10:16:33

[caption id="attachment_2244" align="aligncenter" width="779"]Une partie des femmes ayant bénéficié de formation sur le cinéma (Photo Gérard Rugambwa) Une partie des femmes ayant bénéficié de formation sur le cinéma (Photo Gérard Rugambwa)[/caption]


 

Le Festival International de la femme dans le cinéma organisé à Kigali s’est essentiellement basé sur le renforcement des capacités. Cette activité vise à répondre au besoin exprimé par les femmes engagées dans le métier.

Les femmes rwandaises engagées dans la production cinématographique souhaitent avoir plus de connaissances dans le secteur du cinéma pour pouvoir voler plus haut, de leurs propres ailes.
”Nous avons plus besoin de connaissances que d’argent,” dit Marie Jeanine Ingabire, alias Mama Rumende. Celle-ci vient de faire 12 ans dans le cinéma, avec à son actif deux films long métrage et un documentaire.

Cette déclaration a été enregistrée en marge d’une formation organisée pendant la semaine du 06 au 12 décembre consacrée au festival du film de la femme ”Urusaro International Women Film Festival”.
Madame Jacqueline Murekeyisoni, présidente du Festival ” Urusaro International Women Film festival”, confirme aussi que la priorité a été accordée à la formation des femmes s’occupant du cinéma.

”Nous avons voulu renforcer leurs capacités pour plus de professionnalisme,” explique Jacqueline Murekeyisoni.

” L’on reproche souvent aux films des femmes de ressembler plus aux pièces de théâtres qu’aux productions cinématographiques,” précise Jacqueline Murekeyisoni.

”Nous souhaitons qu’avec la formation en cours, la qualité des films des femmes en soit améliorée,” souligne-t-elle, elle-même productrice d’un long métrage (1h15’) intitulé “Rukara rwa Bishingwe” et d’un autre qui n’est pas encore sur le marché, ”Les secrets d’Alcove”.

Parmi les formatrices figure Wendy Bashi, de la Télévision TV5, réalisatrice du film ”Rumeurs du lac Kivu”. Ce dernier a été projecté à l’occasion du lancement de la semaine du festival ”Urusaro International Women Film Festival”.

Les femmes préfèrent parler de leurs problèmes

Seule la journée de jeudi 10 décembre a été réservée à la projection des films produits par les femmes à partir de l’après-midi jusque dans la soirée.

Pour le moment, huit femmes rwandaises ont été recensées dans la production cinématographique. Après la formation en leur faveur en 2014, cinq films ont été réalisés.

Selon Jacqueline Murekeyisoni, le thème développé dans tous ces films tourne autour de la famille et des problèmes des femmes.

” Un film a été réalisé sur les menaces proférées à l’encontre d’une femme qui n’a pas pu procréer, ” démontre-t-elle.

”Un autre sur les parents qui ne s’occupent pas de leurs progénitures, laissant la tâche au domestique qui en profite pour engrosser la fille de sa patronne,” ajoute-t-elle.

Jacqueline Murekeyisoni croit qu’appuyer la femme dans le secteur du cinéma, c’est lui permettre de s’exprimer sur ses problèmes. ”Elles sont plus ouvertes dans le cinéma,” souligne-t-elle.

Quelques défis pour promouvoir le cinéma

Le septième art comme l’on appelle le cinéma souffrirait du manque de sponsor. ”Au Rwanda, il est difficile de trouver une personnalité morale ou physique acceptant d’appuyer le secteur du cinéma,” révèle Murekeyisoni.

”Les demandes ne reçoivent aucune considération dans le pays. Ailleurs c’est possible de trouver des fonds,” insiste-t-elle.

Mama Rumende est de son avis et donne l’exemple de la Tanzanie où une compagnie a signé un contrat de financement avec des producteurs de cinémas.

Murekeyisoni signale également que les Rwandaises ne sont pas encore passionnées par le secteur du cinéma. Il faut des actions de sensibilisation pour montrer que c’est un métier qui peut procurer des revenus importants.

Un autre défi, surtout du côté des actrices, est celui de ne pas savoir distinguer l’actrice et l’individu. ”Une femme actrice jouant le rôle d’une prostituée est immédiatement considérée comme tel,” se plaint Mama Rumende qui a été actrice au départ, puis réalisatrice, productrice et scénariste.

”Un acteur ou une actrice joue un rôle pour éduquer la société, mais malheureusement la société le confond avec l’individu,” regrette-t-elle l’existence encore de cette mentalité dans la société rwandaise.

Les femmes ne sont pas nombreuses dans ce métier

Mme Murekeyisoni signale que les femmes rwandaises ne sont pas encore nombreuses dans le 7ème art qui est une source des revenus comme tant d’autres. Lors du passage au stade Amahoro, dans l’une des salles où se tenait la formation, quelques huit femmes avaient répondu à la formation ainsi que cinq jeunes filles en vacances. Elle montre que jusqu’à présent dans ce secteur l’on ne peut trouver ni de caméra woman, ni d’éditrice.

Ailleurs dans le monde, la situation n’est guère mieux que dans le pays. En France, par exemple, seuls 23 % des réalisateurs de longs métrages agréés sont des femmes. Elles bénéficient aussi de moins de financements. En moyenne 3,45 millions d’Euros, contre 5,66 millions d’Euros pour les hommes. Aux Etats Unis, on compte seulement 9% des réalisatrices, 15% de scénaristes et entre 17 et 25% de productrices.

Mme Marie Jeanine Ingabire, alias Rumende, pense qu’au Rwanda la dimension genre devrait s’appliquer aussi dans le cinéma pour encourager la femme à oser se lancer dans ce secteur.

Gérard Rugambwa


 

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