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Musanze : les enfants de la rue pullulent

Par 2016-02-16 06:51:41

[caption id="attachment_2572" align="aligncenter" width="751"]Emilienne Uwumuremyi, chargée de la jeunesse, sport et culture (Photo Kamagajo) Emilienne Uwumuremyi, chargée de la jeunesse, sport et culture (Photo Kamagajo)[/caption]


 

La ville de Musanze, considérée par certains comme la 2ème ville du pays à cause surtout de différentes infrastructures dont notamment des hôtels de classe, le district lui-même classé, au niveau national, comme premier coin touristique, attire de plus en plus un grand nombre des enfants de la rue et des jeunes délinquants. Le district fait face à cette situation en solitaire.

Un grand nombre de ces enfants et de ces jeunes selon Madame Emilienne Uwumuremyi, chargée de la jeunesse, sport et culture dans le district de Musanze, ne sont pas originaires du district de Musanze. Ils viennent d’après elle, des districts frontaliers de Musanze, comme Burera, Nyabihu et Gakenke voire même Rutsiro district éloigné de Musanze.

Ce qui attire ces jeunes n’est rien d’autre que le développement et l’agrandissement de la ville de Musanze , précise Uwumuremyi. Elle ajoute que pour pallier à ce problème, en 2011 la ville de Musanze a mis en place dans le secteur de Kinigi, un centre de transit, appelé en anglais ”Musanze transit center”, servant dans la réintégration de ces jeunes délinquants.

Avec sa capacité d’accueil n’allant pas au-delà de 65 enfants, ce centre de transit de Musanze, réserve ce privilège aux enfants ressortissant des 15 secteurs du district de Musanze seulement, âgés entre 16 et 32 ans. En ce centre ils y bénéficient des leçons d’éducation civique et dans moins de 2 mois, ceux qui manifestent un certain changement positif de comportement regagnent leurs familles, et transfère les plus intoxiqués dans le centre de métier et de réintégration d’Iwawa.

Des enfants non originaires de Musanze, une fois, arrivés à ce centre sont immédiatement reconduits dans leurs districts d’origine, précise Uwumuremyi.

Pour des enfants de moins de 16 ans ressortissant du district de Musanze, ajoute cette Dame, le district juge bon de les amener auprès des dirigeants de leurs secteurs, afin de les faire parvenir à leurs membres de familles, pour qu’ils soient éduqués en famille.

”Nous préférons voir ces enfants grandir en famille, bénéficier de la chaleur de la famille, au lieu de les amener dans ce centre de transit. Souvent même s’ils n’ont pas des membres de leur famille restreinte, ils ne manquent pas des familles d’accueil. Des parentés ou même des voisins les récupèrent et, avec l’aide du secteur ou du district, ces enfants retournent à l’école. En général, eux, ne constituent pas un grand problème comparativement à ces jeunes de plus de 16 ans”. Explique Madame Uwumuremyi.

Pourquoi ces enfants et ces jeunes viennent dans les rues

Des raisons avancées par certains enfants de la rue et jeunes délinquants, rencontrés dans les rues de la ville de Musanze, sont en général d’ordre de la pauvreté, des violences domestiques et des conflits en famille.

Mukeshimana, jeune fille âgée de plus de 20 ans, avoue être ramenée plus de 2 fois, au centre de transit de Kinigi. Mais par après, au lieu de regagner sa famille résidant dans la cellule de Kimbogo, du secteur de Musanze du district de Musanze, préfère retourner dans les rues. Ce qu’elle ne supporte pas chez ses parents, c’est la pauvreté, explique-t-elle.

”Mes parents sont pauvres. Ils ne sont pas en mesure de me donner tout ce que je veux. On mangeait rarement de la viande encore moins du pain. Mais ici, je reçois ça régulièrement. Il suffit que je me présente à la porte, de n’importe quel restaurant. Je sais comment faire, pour susciter la pitié des propriétaires du resto ou même des clients, pour avoir ce que je veux.” Raconte-t-elle.

Avec l’expérience de la vie, de plus de 8 ans dans la rue, Ibrahim Uzabakiriho se dit lassé de la vie de la rue, qu’il trouve très dure. Mais, pour lui, l’idée de retourner dans sa famille est loin, car il garde le mauvais souvenir de sa marâtre, qui le maltraitait et lui refusait de quoi manger. Ce jeune garçon de plus de 18 ans, espère un jour abandonner cette vie et se débrouiller d’une autre manière.

” Je suis fatigué d’être traité de ”Mayibobo’’(nom attribué aux enfants de la rue). Je souhaite mettre fin à cette vie, mais, mon problème, je n’ai pas où aller, car je ne peux pas retourner dans ma famille. Les querelles de mon père et sa femme (sa marâtre) m’ennuyaient trop. En plus cette femme ne me supporte pas. Je vais me débrouiller, et si Dieu m’aide, j’abandonnerai cette sale vie de l’enfant de la rue. ’’ Déclare Ibrahim.

Mais d’autres enfants disent n’avoir aucun problème avec leurs familles, mais préfèrent tout court, la vie en ville qu’en milieu rural où, résident leurs parents, comme témoigne Gaston Asifiwe.

”Je n’ai aucun problème particulier dans ma famille. Je vivais bien avec mes parents dans la ville de Musanze. J’ai quitté le toit familial, il ya plus de 5, quand mes parents sont allés s’installer dans le secteur de Rwaza. C’était pénible pour moi, en tant que citadin, de m’habituer à cette vie du milieu rural. Mes frères et sœurs, eux, n’ont aucun problème’’ dit Gaston, qui ajoute qu’il sait bien, que sa vie de délinquance, déshonore sa famille. ” Tout le monde se plaint à cause de moi” affirme ce jeune garçon.

La conjugaison des efforts des parents, des autorités des instances de base sans toutefois exclure des dirigeants de différentes confessions religieuses, est l’un des remèdes nécessaires, pour éradiquer ce problème des enfants de la rue et des jeunes délinquants, conseille la psychologue Domina Hakizimana, chercheuse à l’université d’INES Ruhengeri.

Elle montre l’impact de ces enfants dans la société. Pour elle, si on marginalise et abandonne ces enfants et ces jeunes dans les rues, c’est toute la société rwandaise qui perd, car ils sont le Rwanda de demain. Mais également de l’autre côté, montre-t-elle, si on les laisse dans les rues, il faut s’attendre au pire, car à la longue ces enfants risquent d’être nuisibles, à la société rwandaise.

Consolate Kamagajo


 

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