[caption id="attachment_2959" align="aligncenter" width="742"] Le maire Frédéric Harelimana et l’honorable Abbas Mukama déposant les fleurs dans la rivière de Rubyiro (Photo Bahuwiyongera)[/caption]

 

Les rescapé du génocide contre les Tutsi de 1994 du secteur de Bugarama, district de Rusizi, réclament la construction d’un site mémorial aux environs des rivières Rubyiro, Ruhwa et Rusizi.

Depuis l’arrêt du génocide contre les Tutsi, il ya 22 ans, les rescapés du secteur administratif de Bugarama et ses environs dans le district de Rusizi, continuent à déposer des gerbes de fleurs dans les rivières de Rubyiro, Ruhwa et Rusizi faute d’avoir un site mémorial, car, leur secteur administratif n’en dispose aucun.

Dans son témoignage, madame Pascasie Uwamahoro, présidente de l’Ibuka au niveau du secteur administratif de Bugarama, a affirmé que dans toute la partie de l’ex-secteur de Kibangira, de l’ancienne commune de Bugarama, aucune des victimes Tutsi tuées pendant le Génocide n’a été enterrée dans la dignité.

”Quand les miliciens “interahamwe” et Yussuf Munyakazi qui les avaient entrainés massacraient les Tutsi, ils les jetaient dans les rivières de Rubyiro, Ruhwa et Rusizi,” a-t-elle témoigné.

Ici il faut noter que la participation des réfugiés burundais a été très active. Ils vivaient dans plusieurs localités de l’ex-commune de Bugarama, spécialement dans le camp des réfugiés qui se trouvait à Muganza et étaient déterminés à exterminer tout Tutsi quelque soit son sexe ou son âge.

”L’on compte plus de 70 familles de Tutsi de l’ex-secteur administratif de Kibangira jetés seulement dans la rivière de Rubyiro et les autres tués aux environs de régions la frontière rwando-burundaise ont été jetés dans la rivière de Ruhwa.” A-t-elle ajouté.

Elle affirme que la commémoration sur ces rivières, faute d’avoir un site mémorial, soulage les rescapés dont les leurs y ont été jetés. Mais ces derniers souhaitent la construction tout près de ces rivières d’un monument marquant l’histoire du Génocide où seront gravés les noms et les photos des Tutsi tués.

”Surtout que c’est tout près de la frontière des deux pays qui sont le Burundi et la RDC, les étrangers qui y passent pourraient se rendre compte eux-mêmes des atrocités qui ont été commises ici et témoigner ça chez eux.” A-t-elle argumenté.

”Le construction de ce monument pourrait être l’une des armes qui peuvent nous aider à lutter contre tous ces négationnistes du Génocide, de part les témoignages des voyageurs, ” a-t-elle souligné.
Frédéric Tugirumutware, président d’Ibuka au niveau de la cellule administrative de Pera à Bugarama, a montré également l’importance de construire ce monument.

”La construction d’un mur avec des noms et des photos des Tutsi tués et jetés dans ces rivières permettra à tous les rescapés de se sentir très soulagés et seront très contents de voir les noms et les photos des leurs mêmes s’ils n’auront pas eu la chance comme les autres de les enterrer dignement dans des tombes.” A-t-il plaidé en faveur des rescapés.

Les autorités promettent de répondre au souhait des rescapés

Pour le coordinateur de la Commission Nationale de Lutte contre le Génocide (CNLG) au niveau des districts de Rusizi et de Nyamasheke, Monsieur Michel Nshimiyumukiza et le maire du district de Rusizi Frédéric Harelimana, les plaintes de ces rescapés sont absolument fondées. Ils ont promis de réaliser quelque chose de palpable d’ici à la prochaine commémoration.

”Nous allons voir ce qu’il faut faire pour y ériger un monument qui pourra nous aider à bien commémorer tous les Tutsi qui ont été jetés dans ces rivières pendant le Génocide. Nous vous garantissons que lors de la commémoration prochaine nous aurons construit soit un monument soit un site mémorial sur ces rivières,” a affirmé le maire du district de Rusizi, Frédéric Harelimana.

Quant au Vice-président de la chambre des députés au parlement rwandais, honorable Abbas Mukama, ”c’est une honte grave pour les autorités locales de voir que 22 ans après le Génocide qu’on y commémore chaque année, il n’y ait aucun signe marquant l’histoire du Génocide au niveau de ces rivières. ”

Pour lui, la CNLG au niveau local et le district devraient voir dans leur budget et ne pas tarder à soulager ces rescapés en y érigeant un signe palpable marquant les actes d’animosité commis par Yussuf Munyakazi et ses Interahamwe, de façon que même la génération future se rendra compte de l’ampleur des crimes commis contre les Tutsi en 1994.

”C’est vraiment honteux, c’est pourquoi nous avons demandé au coordinateur de CNLG et au maire du district de Rusizi, de tout faire pour y construire un monument dans lequel nous pourrons même y déposer des gerbes de fleurs dans le cadre d’honorer les Tutsi tués pendant le Génocide et honorer aussi les rescapés du Génocide,” a-t-il insisté.

”Avec ce monument, les rescapés de cette vallée de Bugarama se sentiront très soulagés et tout le monde qui s’y rendra pour une visite reconnaitra les efforts fournis pour rendre hommage à nos amis, frères et soeurs qui nous ont quittés. A souligné l’honorable Abbas Mukama.

Précisons que les rescapés de Bugarama ont déjà proposé aux autorités locales le plan du monument qu’ils proposent pour la mémoire des victimes de génocide contre les Tutsi de 1994.

Sylvestre Bahuwiyongera