https://www.traditionrolex.com/25 Gisagara : deux prêtres catholiques meurent mystérieusement

Gisagara : deux prêtres catholiques meurent mystérieusement

Par 2016-06-27 10:16:50

[caption id="attachment_3245" align="aligncenter" width="1067"]Abbé Félicien Hakizimana. Son décès serait naturel (Photo archives) Abbé Félicien Hakizimana. Son décès serait naturel (Photo archives)[/caption]


Dans un délai ne dépassant pas trois mois, deux prêtres catholiques de la même paroisse de Byiza, dans le secteur de Gikonko, district de Gisagara, viennent de rendre l’âme dans des conditions mystérieuses. La population parle d’empoisonnement.

A part la similitude des symptômes de leurs maladies respectives et l’évolution rapide vers la mort, les deux prêtres , abbé Augustin Musada et abbé Félicien Hakizimana, sont morts en moins de trois mois.

Le premier, alors curé de la paroisse et professeur dans différentes universités rwandaises, est décédé le 31 mars 2016 à l’âge de 62 ans. Le second, son vicaire s’en est allé le 13 juin âgé de 41 ans .

Ces deux décès soulèvent beaucoup d’inquiétudes partout dans la région. La population locale parle d’empoisonnement purement et simplement et accusent deux individus bien précis. Les autorités ecclésiastiques restent très prudentes malgré l’angoisse.

"Concernant le décès inopiné de l’abbé Augustin Musada, les premières expertises médicales ont montré que son foie et ses reins ont été endommagés suite à une substance toxique qu’il a avalée. Nous attendons les résultats définitifs de l’autopsie que nous avons recommandée. Quant à l’abbé Félicien Hakizimana, il s’agit probablement d’une mort naturelle. Il avait une infection pulmonaire sévère qui a affecté mortellement le système cardio-vasculaire." A indiqué Mgr Philippe Rukamba Evêque de Butare et porte-parole de l’Eglise Catholique du Rwanda.
La région de Byiza, artiste des pratiques paiennes et de la sorcellerie

Selon plusieurs témoignages recueillis sur place, dans leur vie quotidienne, les habitans de Byiza et des alentours se méfient les uns des autres.
"Au cours des cérémonies ou lors des fêtes familiales, je fais très attention à ce que l’on me présente pour boire ou pour manger. Dans cette région, les cas d’empoisonnement sont fréquents et les poisons se transmettent souvent pendant les fêtes. On dit que l’abbé Musada a bu le poison mélangé à du vin de banane mais on ne précise pas s’il était dans la paroisse ou en dehors." Déclare Télesphore Habineza, un paysan de Byiza, très proche de l’église.

"Moi, pendant les fêtes, le serveur doit ouvrir la bouteille d’une boisson devant mes yeux et je préfère ne pas prendre la bière de sorgho ou le vin de banane chez quelqu’un que je ne connais pas très bien. Sinon, je ne le prends pas. De même pour la nourriture." Déclare un autre paysan qui requiert l’anonymat.

"Pour l’abbé Musada, tout le monde sait qu’il a été empoisonné. Même avant son transfert en Afrique du Sud où il est malheureusement décédé, l’information concernant son empoisonnemment circulait et sa mort imminente avait été annoncée au village. Mais personne n’y accordait aucune importance particulière. Je pense qu’il a été effectivement empoisonné." Rajoute le même paysan qui a requis l’anonymat.

Le clergé et les autorités ecclésiastiques soufflent le chaud et le froid
La position des autorités ecclésiastiques de Butare, reste ambiguë. Elles ne veulent pas parler officiellement de poison. Elles préfèrent plutôt prendre l’option de "mort naturelle" d’autant plus que les médecins n’ont rien constaté qui puisse confirmer que les prêtres ont été empoisonnés par quelqu’un de l’extérieur. Par contre, les conditions dans lesquelles leurs collègues sont morts laissent les autres prêtres très perplexes.

Quant au reste des laïcs pratiquants proches de la paroisse, ils préfèrent rester à l’extérieur de l’affaire, craignant de torpiller les versions officielles du clergé et celle des autorités administratives.

"Je préfère attendre et savoir la version officielle du clergé ou des autorités administratives. On est réduit à faire des hypothèses mais il y a quelque chose qui croche dans cette affaire." Déclare Onesphore Habineza, président de la centrale catholique de Musha.

"J’ai vécu avec l’abbé Musada pendant longtemps, à Nyanza et à Butare. Il n’avait de problème avec personne. Partout où il passait, il était plutôt apprécié et aimé par ses fidèles. Mais c’était quelqu’un qui faisait très attention à sa santé. Il ne prenait d’ailleurs presque pas d’alcool. Quant aux rumeurs sur son éventuel empoisonnement, je n’ai pas, pour le moment de preuves matérielles pour le confirmer ou l’infirmer. Ce n’est pas la première fois que nous perdons des prêtres. " Dit , l’abbé Rebero, directeur de Caritas dans le diocèse de Butare.

Quant à l’abbé Anastase Nkundimana, chancelier de l’Evêque, il n’a pas voulu se prononcer sur ces deux décès, arguant qu’il n’est pas le porte-parole du diocèse.

Dès le début de sa maladie, l’abbé Musada, a été tout d’abord soigné à l’hôpital local de Gikonko . Suite aux complications, il a été ensuite transféré en Afrique du Sud où il a succombé.

"C’est triste. Je ne peux pas accuser les chrétiens, ni qui que ce soit d’avoir empoisonné mes collègues. Le décès de Musada et ensuite celui de Félicien nous a mis dans une tristesse immense. Aujourd’hui, nous ne l’avons pas encore consommé. On ne les oubliera jamais. Personne ne peut rester indifférent vues les conditions dans lesquelles ils sont morts. Nous essayons de calmer nos fidèles en leur demandant de rester sereins et de prier beaucoup. Que les âmes de nos collègues reposent en paix. " A déclaré Abbé Médard Cyebambe, nouveau curé de Byiza.

"Je suis inquiet pour mon frère qui vient d’être muté récemment dans une paroisse qui tue ses prêtres. Tout le monde dit que ces deux prêtres ont été empoisonnés. On ne sait pas ni comment, ni par qui ni pourquoi. Personnellement, bien que je ne puisse pas le lui dire, je suis inquiet pour mon frère. Mais par après, je me dis, ces gens mènent une vie consacrée et ont accepté de donner leur vie pour la gloire de l’Eternel. " Déclare Fabien Hakizimana, le frère de Médard.

Les autorités du district regrettent le décès des ecclésiastiques
Selon Madame Clémence Gasengayire, chargée des Affaires Sociales dans le district de Gisagara et qui réside près de la paroisse, le décès inopiné de ces deux prêtres a plongé la population locale dans le choc surtout les chrétiens catholiques.

"Les catholiques de Byiza ont été bouleversés par la mort de leurs deux prêtres. Il ya de quoi s’imaginer sur les conditions dans lesquelles ces décès sont survenus. La population évoque l’empoisonnement. Il y a beaucoup de points obscurs dans cette affaire. Mais ajourd’hui, la situation est globalement maitrisée." Déclare Gasengayire

Le 19 juin, l’Evêque du diocèse de Butare est allé lui-même à Byiza pour calmer les esprits chauds des fidèles, les invitant à rester prudents d’autant plus que les autopsies n’étaient encore disponibles.

Domice Gasarabwe


 

 

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