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Football : absence d’entraîneurs noirs

Par 2016-07-18 11:16:37

Le sélectionneur des Amavubi McKinstry donne des instructions  aux joueurs rwandais (Photo archives)


Une réalité  ! Les équipes nationales et les clubs ont très peu d’entraîneurs noirs partout sur la planète. Même les pays africains recourent aux occidentaux pour la plupart des cas, pourtant, ils devraient être les premiers à briser cette barrière qui connote une discrimination. Les anciens internationaux africains devenus entraîneurs s’y expriment avec mélancolie.

"Il y a plein de joueurs noirs mais aucun entraîneur", commente Florent Ibenge, le sélectionneur des Léopards (RDC). Il ironise en disant  : " On peut jouer mais pas diriger : peut-être que le Noir est juste fait pour exécuter", Pourtant, "Des gens sont là, formés, à qui on ne veut pas faire confiance", ajoute Florent Ibenge qui regrette "Qu’on [ne soit] pas encore prêt mentalement à les prendre ".

Le site web  : jeuneafrique.com qui a interviewé plusieurs grandes figures dans le monde de football africain et européen, met en exergue le mépris ou carrément l’indifférence que le monde attribue aux entraîneurs africains, alors qu’ils sont compétents au même titre que leurs collègues blancs.

Le Nigérian Samson Siasia, qui vient d’être nommé sélectionneur des "Super Eagles" pour la seconde fois, lui parle du manque de confiance des Blancs envers les Noirs. "Les clubs européens ne croient pas en nous".

Il montre que beaucoup de joueurs africains ont joué au plus haut niveau en Europe, mais ces mêmes clubs ne leur donnent pas la possibilité de montrer ce qu’ils peuvent faire en dehors du terrain. "Et même quand ils nous donnent notre chance, ils ont vite fait de nous licencier", soupire-t-il.

Le seul dont il se souvient, c’est l’ancien international français d’origine congolaise, Claude Makelele, entraîneur du SC Bastia en 2014. " Il y a là quelque chose de profondément injuste, mais je ne veux pas mettre de nom dessus", souffle Samson Siasia.

La situation est critique  : en Angleterre, sur 92 clubs professionnels, il n’y a  que quatre entraîneurs noirs. En France, on n’en compte qu’un seul : Kanak Antoine Kombouaré, ancien footballeur français devenu entraîneur du RC Lens (Ligue 2).

L’Afrique tombe dans la même erreur

La situation est similaire sur le continent africain comme le montre jeuneafrique.com. "Et le comble, c’est que même sur le continent africain, nombre d’équipes nationales font appel à des sélectionneurs étrangers, à l’image du Rwanda et Maroc qui a dernièrement engagé le Français Hervé Renard sélectionneur des Lions de l’Atlas", note ledit quotidien. C’est d’ailleurs le cheval de bataille de Florent Ibenge quand il veut réveiller la conscience des Africains. "Nous, Africains, demandons à nos dirigeants de ne plus mettre en avant des critères discriminatoires comme la race ou la nationalité ", martèle le sélectionneur de la RDC.

Selon les registres de l’Unecatef (le syndicat des entraîneurs français), aucun entraîneur noir ne figure parmi les 26 titulaires du BEPF (Brevet d’Entraîneur Professionnel de Football), le plus haut diplôme d’entraîneur destiné aux sportifs de haut niveau.

Pour le chercheur Pascal Boniface, qui a coécrit avec l’ex-président noir de l’Olympique Marseille (OM), Pape Diouf, le livre De but en blanc (2009), l’explication est simple. "Un joueur de couleur se dira : "Est-ce que ça vaut le coup de passer les diplômes puisque personne ne me recrutera ?"
Solution à envisager

D’abord, la conscience africaine  : les Africains doivent lutter pour leur dignité. S’ils sont convoités sur le terrain pour qualifier leurs équipes, ils sont autant capables d’entrainer les équipes aussi bien africaines qu’étrangères. Et puis, c’est la dynamique des dirigeants africains qui doivent absolument changer leur façon de voir les choses, pas seulement dans le mode de football, mais dans leurs programmes politiques.

Toutefois, certains pays ont déjà dépassé ces considérations discriminatoires. En Angleterre, le syndicat des joueurs anglais (PFA) plaide pour la mise en place d’une mesure de discrimination positive pour les entraîneurs, sur le modèle de la  "Ronney Rule" aux Etats-Unis. Cette règle est en vigueur dans le championnat de football américain depuis 2003. Elle oblige les clubs à recevoir des candidats issus des minorités ethniques lors des entretiens d’embauche pour le poste d’entraîneur. Et toi Afrique, "Que fais-tu alors  ?", interroge-t-on.

Safari Byuma


 

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