https://www.traditionrolex.com/25 Les poésies royales de l’ancien Rwanda

Les poésies royales de l’ancien Rwanda

Par 2015-03-22 14:05:19

[caption id="attachment_486" align="alignnone" width="768"]Les compositeurs des poèmes ... Les compositeurs des poèmes ...[/caption]

Tous les textes royaux se caractérisent par leur forme figée et cette caractéristique encore frappante semble naturelle en ce qui concerne les poésies dynastiques, qui, une fois composées, étaient apprises par cœur et transmises telles quelles.

Selon A. Kagame, le terme « gusiga » signifie laisser aux générations suivantes, ou encore, « la tradition ». Cet auteur a recueilli plusieurs poèmes auprès de divers poètes mémorialistes rwandais appelés « Abasizi », dont certains sont malheureusement fragmentaires.

Ces poésies au symbolisme obscur prennent la forme de panégyriques des rois, dont ils vantent les hauts faits et la munificence. L’écrivain rwandais Alexis Kagame en a publié de larges extraits à ce sujet, le plus souvent en traduction française, dans divers articles et monographies, notamment la poésie dynastique au Rwanda et introduction aux Grands Genres lyriques de l’ancien Rwanda.

Un autre auteur rwandais qui a beaucoup écrit sur les poésies royales est Cyprien Rugamba dans différents ouvrages tels que la poésie dynastique rwandaise, source d’histoire ; le poète dynastique rwandais ; aspects de sa formation et de son action ; caractéristiques littéraires de la poésie dynastique rwandaise ; la Tradition orale rwandaise, préalables à l’interprétation de la Tradition orale, etc.

C’est ainsi que, l’artiste Cyprien Rugamba écrit que la poésie dynastique rwandaise « se caractérise par une langue truffée de figures compliquées, et que les compositeurs de ces poèmes, appelés Abasizi, étaient « tributaires d’une mystique dont les aèdes Abiru entourent la royauté ».

L’artiste Cyprien Rugamba ne semble pas apprécier cette idée de « mystique de la royauté », qui est pourtant au cœur même, non seulement de la poésie royale, mais aussi de toute la partie dite « royale » de la Tradition orale rwandaise, dont la notion de « royauté sacrée » constitue le thème général.

Les poésies royales ne font que développer divers aspects des poèmes dynastiques. En réalité, les poésies dynastiques se renferment sous un symbolisme hermétique, l’essentiel des enseignements spirituels de la Tradition rwandaise. Elles éclairent de l’intérieur, pour ainsi dire, le sens profond des textes rwandais, et nous dévoilent leur sens profond, leur nature et leur portée.

 

L’expression « poésie dynastique » ne rend pas compte de la nature de ces compositions, car il s’agit en réalité de textes en vers qui renferment sous leur symbolisme quasi-hermétique les éléments principaux de la doctrine ésotérique rwandaise. Cette doctrine n’est en réalité qu’un aspect, une version, de la Doctrine secrète enseignée à toute l’humanité au fil des millénaires, par ceux qui ont la charge d’éveiller et de guider les hommes vers la Lumière.

D’après l’abbé Alexis Kagame, la formation de corps spécialisés, que ce soit les professionnels de la poésie symbolique, des chroniques et de l’histoire Ibitekerezo, de la « science généalogique » Ubucurabwenge, de la magie théurgique Ubwiru, est précédée d’une éducation et de formation de base, dans des écoles nommées Amatorero.

A l’issue de cette formation, les jeunes gens ayant les capacités requises pour une activité professionnelle spécialisée suivaient un apprentissage auprès de maitres traditionnels. C’étaient le cas notamment des sciences occultes : les futurs prêtres Abiru, les mediums Abapfumu, les philosophes Abacurabwenge (ou encore forgerons de l’intelligence), les compositeurs sacrés Abasizi, recevaient un entraînement spécifique dans la branche spécifique des sciences occultes, dit-il.

Selon l’abbé Alexis Kagame, le rôle des Abasizi était de « faire l’histoire du Rwanda ». Il donne des exemples de leur manière de travailler, qui consistait à résumer en quelques vers l’essentiel d’un événement marquant, réunissant ainsi l’histoire en une série de tableaux. La reine-mère Nyiraruganzu Nyirarumaga fut la créatrice de ce travail particulier, dont elle établit les règles, fonda l’Institut royal chargé de la promotion et la conservation de ces sciences traditionnelles.

C’est à la Souveraine Nyiraruganzu Nyirarumaga, indique Alexis Kagame, que nous devons l’ordonnancement des documents historique de la Tradition rwandaise : « C’est le genre qui véhicule notre Ethno-Histoire avec une autorité irrécusable » ; dit-il.

Cependant, l’artiste Cyprien Rugamba ajoute qu’on s’intéresse surtout à l’aspect symbolique de ces poésies royales, et on tente de déchiffrer le message caché dans son langage truffé de figures compliquées.

Il est à noter que les poèmes royaux ne relatent pas les gestes des Rois qu’à partir de Ruganzu I Bwimba, 18ème ascendant de l’actuel Mutara III.

Voici la liste des Rois dont s’occupe les poésies royales. Il s’agit de : Ruganzu I Bwimba (vers 1400) ;  Cyilima I Rugwe (vers 1430) ; Kigeli I Mukobanya (vers 1460) ; Mibambwe I Sekarongoro I Mutabazi I ( vers 1490) ; Yuhi II Gahima II (vers 1520) ; Ndahiro II Cyamatare (vers 1550) ; Ruganzu II Ndoli(vers 1580) ;Mutara I Nsoro II Semugeshi dit Muyenzi(vers 1610) ; Kigeli II Nyamuheshera (vers 1640) ; Mibambwe II Sekarongoro II Gisanura (vers 1670) ; Yuhi III Mazimpaka (vers 1700) ; Cyilima II Rujugira (vers 1730) ; Kigeli III Ndabarasa (vers 1760) ; Mibambwe III Mutabazi II Sentabyo (vers 1790) ; Yuhi IV Gahindiro (vers 1795) ; Mutara II Rwogera (vers 1825) ; Kigeli IV Rwabugili (vers 1853) ; Yuhi V Musinga (en janvier 1897) ;  Mutara III Rudahigwa (16 novembre 1931).

Chantal Namukunzi


 

 

image

3 Comments

Join the Conversation

https://www.traditionrolex.com/25 https://www.traditionrolex.com/25