https://www.traditionrolex.com/25 Gaston Rusiha :” Le contexte légal est favorable à l’intégration sociale des personnes vivant avec handicap, il faut un pas de plus dans sa matérialisation.”

Gaston Rusiha :” Le contexte légal est favorable à l’intégration sociale des personnes vivant avec handicap, il faut un pas de plus dans sa matérialisation.”

Par 2015-05-26 12:46:07

[caption id="attachment_1117" align="alignnone" width="718"]L'honorable Gaston Rusiha, parlementaire au ticket des personnes vivant avec handicap (Photo Pascal Niyonsaba) L’honorable Gaston Rusiha, parlementaire au ticket des personnes vivant avec handicap (Photo Pascal Niyonsaba)[/caption]


 

Le Rwanda fait un effort considérable dans l’intégration sociale des personnes vivant avec handicap. Elles sont représentées dans les instances de prises des décisions, une loi instituant le Conseil National des Personnes Vivant avec Handicap a été promulguée (NCPD) et les arrêtés ministériels sur la protection des personnes vivant avec handicap. Le recensement de 2012 a montré que le nombre de personnes vivant avec handicap était de 446.453 personnes (4.2 %) 225.303 femmes et 221.150 hommes. Le député Gaston Rusiha, représentant des personnes vivant avec handicap dans la chambre des députés, parle de l’Etat du problème avant la mise sur pied des lois protectrices, de la situation actuelle et des perspectives d’avenir pour une justice sociale inclusive.

Interview…

La Nouvelle Relève (LNR) : Quel était l’état du problème d’intégration des personnes vivant avec handicap avant la prise de conscience ?

Gaston Rusiha : Je vais te faire un survol historique pour comprendre que le problème était grave. Avant 1994, l’Etat rwandais n’avait pas de programme spécial pour les personnes vivant avec handicap. Seulement des organisations caritatives, comme l’Eglise catholique via le Home de la Vierge des Pauvres de Gatagara (HVP) fondé par le père Fraipont Ndagijimana, venaient en aide aux personnes vivant avec handicap mais il y avait des limites car les besoins étaient nombreux.
La coopérative MERA était la création des anciens de Gatagara et pouvait occuper un certain nombre de ces gens mais un certain nombre était abandonné sur les collines du Rwanda.

Avec le gouvernement d’union nationale, des associations des personnes vivant avec handicap sont nées. C’est dans ce sens que la fédération des Associations des Handicapés du Rwanda a été créée (FASHER). Le FASHER a fait la plaidoirie et en 2003 lors de la réforme constitutionnelle, l’article 188, bis prévoyant un organe étatique pour protéger les personnes handicapées a été adopté. Ce geste légal fut suivi de la promulgation de la loi no 01/2007 relative à la protection des personnes vivant avec handicap en général. Le conseil National pour personnes vivant avec handicap a été créé par l’arrêté du Premier Ministre no 03 /2011 du 10 février 2011 et il définit les responsabilités et organisation du NCPD.

LNR : Justement, l’organe existe, plus d’un se demandent comment il fonctionne.

GR : Le NCPD qui est l’abréviation anglaise du conseil national pour personnes vivant avec handicap opère comme le conseil national des Femmes ou le conseil national de la jeunesse. Nous sommes représentés depuis l’administration de base à partir de la cellule jusqu’au niveau national. A chaque niveau il ya un comité de 7 personnes et le coordinateur siège dans le conseil consultatif « njyanama » comme représentant des personnes vivant avec handicap. Dans le parlement national, un député représente les personnes vivant avec handicap et sur les 9 députés de l’Assemblée législative de l’Afrique de l’Est (EALA) nous avons un représentant des personnes vivant avec handicap.

LNR : Avec la représentation dans les organes de prise des décisions, l’on penserait que le problème est résolu n’est-ce pas ?

GR : Le cadre légal existe mais nous faisons face aux problèmes liés à sa mise en application. Il ya la volonté politique mais les instances qui sont chargées de la mise en application trainent encore.
Je te fais des exemples, il ya 13 arrêtés ministérielles sur l’application de la loi protégeant les personnes handicapées dans plusieurs secteurs mais la mise en application reste un problème. Un exemple, il ya l’arrêté ministériel sur la construction des bâtiments abritant des services publics et l’on exige qu’il y ait un passage pour les personnes vivant avec handicap mais la mesure tarde à se faire appliquer.

Il ya un arrêté du ministre qui prévoit de faciliter aux handicapés l’accès aux manifestations sportives, culturelles et de divertissement, mais il faudra se demander comment une personne en chaise roulante peut accéder aux gradins de nos stades.

Je peux aussi évoquer l’arrêté ministériel qui prévoit l’accès facile aux services de santé pour les handicapés. Il est stipulé que ceux qui ont une incapacité de 50 à 100% doivent bénéficier d’une assurance maladie à 100% payée par l’Etat rwandais de même l’octroi des prothèses et orthèses. Et ceux qui ont une incapacité de 30 à 50% de bénéficier d’une réduction de 50% pour l’assurance maladie et pour les prothèses et les orthèses.

L’on remarque que le problème est la mise en application des directives du gouvernement central.

LNR : Si l’on a bien compris, il ya encore à faire pour réussir une intégration sociale complète pour les personnes vivant avec handicap ?

GR : Ce programme est multi sectoriel. Chaque institution doit montrer ce qu’elle va faire pour les personnes vivant avec handicap. Il faut un pas de plus pour les handicapés mentaux, je remercie dans ce sens les organisation comme Filipo Smaldone, Tubakunde…L’Etat doit pousser les instances dans tous les secteurs à s’activer.

LNR : En comparant la situation d’avant et l’actuel, quels sont les changements encourageants ?

GR : Je suis parlementaire et j’ai fait un tour dans les districts et j’ai noté qu’il ya un budget pour le développement socio-économique des personnes vivant avec handicap. Ces derniers ont actuellement des opportunités à exploiter, ils doivent participer à des programmes de l’Etat pour s’intégrer. Ils doivent collaborer avec leurs représentants pour appuyer des projets de développement. Les personnes avec handicap doivent éviter la mendicité car cela ne les honore pas et c’est contre le droit de l’homme.

Des propos recueillis par Pascal Niyonsaba


 

image

3 Comments

Join the Conversation

https://www.traditionrolex.com/25 https://www.traditionrolex.com/25