Au moment où le salon de l’agriculture de Kigali bat son plein, le problème de rentabilité agricole se pose encore. Les acteurs dans ce secteur ont des points de vue divergeant selon l’angle de celui qui se prononce. Les chercheurs agricoles ont leurs opinions qui diffèrent de celle du transformateur et de celle de laboureur.

 

”Il faut de nouvelles stratégies de modernisation agricole’’

L’agriculture est synonyme de vie, elle peut être à la base du développement socio économique du pays, si elle est bien réalisée. C’est ainsi que, pour faire face aux défis de son développement, Mme Théogonie Mukanyangezi déclare qu’il faut élaborer de nouvelles stratégies mettant l’accent sur la modernisation de l’agriculture.

En effet, poursuit-elle, il faut privilégier l’agriculture intensive en utilisant surtout les engrais chimiques et organiques car ces derniers aident à améliorer sensiblement la production agricole.

Ensuite, pour augmenter le rendement, il faut que les instances agricoles procèdent au renforcement des techniques d’irrigation ainsi qu’à la sensibilisation des cultivateurs sur l’importance de la rotation des cultures ainsi que les bienfaits de l’utilisation des semences sélectionnées.

D’après Théogonie Mukanyangezi, pour la plupart de paysans, l’agriculture se fait seulement pour l’autosuffisance ou pour la production destinée au marché local. Cependant, elle souligne qu’ils devraient être motivés, ou incités pour produire le surplus pouvant servir à l’investissement et surtout pour l’exportation en vue d’accéder au marché étranger.

”Ceci veut dire que les cultivateurs devraient redoubler leurs efforts pour accroître le rendement, afin de s’assurer des meilleurs revenus, tout en prenant bien sûr des mesures de prévention contre les risques pouvant donner une mauvaise production” ; souligne Mukanyangezi, une des commerçants des produits agricoles.

Pour développer l’agriculture dans le pays, il faut également multiplier les usines de transformation agricole, et puis conscientiser les paysans de produire plus, exporter plus pour gagner plus, sans oublier le regroupement dans des coopératives agricoles car l’union fait toujours la force dit-on, a-t-elle conclu.

 Chantal Namukunzi

 

 

 

“ L’agriculture d’investissement doit remplacer l’agriculture de subsistance’’

A l’heure actuelle, la mondialisation bat son plein et les technologies de pointe n’épargnent pas le secteur agricole, et dès lors, l’agriculture traditionnelle cède progressivement la place à l’agriculture tournée vers le marché.

Charles Sebazungu, un agriculteur moderne du District de Rulindo rencontré sur la place de l’Agri-show 2015 à Mulindi invite ses collègues agriculteurs à être d’abord confiants en eux-mêmes avant d’entreprendre tout changement dans leurs activités agricoles.
”Il faut commencer par évoluer mentalement, pour ensuite voir grand dans le domaine de l’agriculture.’’ dit Sebazungu.

Il conseille ensuite aux ”petits” agriculteurs de s’associer en coopératives afin d’harmoniser et rentabiliser avec efficience leurs activités.

Cet agriculteur qui, aujourd’hui, participe aux expositions agricoles nationales, conseille à ses collègues de toujours avoir des projets bien élaborés à présenter aux institutions financières s’ils veulent réellement gagner gros dans l’agriculture.

Selon lui, l’agri-show est une grande école car, non seulement il y expose ses produits, mais il y apprend aussi beaucoup des autres agriculteurs tant nationaux qu’internationaux.
C’est pour cette raison qu’il recommande des voyages d’étude et des formations à répétition aux agriculteurs pour qu’ils puissent améliorer progressivement leur travail.

Pour le reste, Sebazungu leur recommande de suivre les conseils des moniteurs agricoles et être à l’écoute permanente des prévisions météorologiques.

Pour conclure, Sebazungu rappelle à ses collègues que ”de nos jours, la population ne cesse de croitre, mais les terres ne s’étendent pas, et pourtant toutes ces populations en croissance ont et auront besoin du manger, d’où il faut produire plus tout en préservant les ressources naturelles.”

Jean Louis Kagahe

 

 

”La rentabilité de l’investissement agricole fait face à trois défis”

Monsieur Maurice Rurangwa, agronome à l’organisation HarvestPlus qui s’occupe de l’expérimentation des semences améliorées et des techniques pour plus de productivité, a relevé trois défis qui font entrave à la rentabilité de l’investissement agricole.

”D’abord il ya un défi de ce qu’il faut investir dans l’agriculture pour être rentable. Ici il faut savoir choisir les semences améliorées, utiliser les intrants, installer des infrastructures adaptées pour toute la période de production,” dit Maurice Rurangwa.

Selon ce professionnel dans le secteur agricole, ”l’autre défi est basé sur les connaissances tronquées du paysan, il lui faut une formation car l’agriculture est un métier basé sur le savoir et on peut le faire par des voies informelles et formelles.” Et souvent pour le cas des agriculteurs rwandais, c’est un tâche réservée aux non instruits ou qui savent à peine à lire et à écrire.

Et enfin, il relève le défi relatif à la période post-récolte. ”Ici le paysan doit trouver un débouché pour sa production et à un prix intéressant sinon il est démotivé et ne peut pas poursuivre son aventure dans l’agriculture.”

Pascal Niyonsaba