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Focus : les chrétiens et l’idéologie de génocide

Par 2016-03-29 12:58:02

[caption id="attachment_2854" align="aligncenter" width="719"]Pasteur Absalom Mudahigwa Pasteur Absalom Mudahigwa[/caption]


 

Le génocide perpétré contre les Tutsi en 1994 ne pouvait pas être exécuté avec autant d’ampleur dans un pays à plus de 90% chrétien. La question qui se pose est celle de savoir si les chrétiens rwandais d’aujourd’hui pourraient résister contre l’idéologie de la haine et de l’exclusion.

”Les chrétiens ont une référence concrète du mal,…ils ne peuvent plus participer au génocide”
Alors que le chrétien devait montrer la différence pendant le génocide perpétré contre les Tutsi en 1994, pour la plupart d’entre eux, cela n’a pas été le cas, constate le pasteur Absalom Mudahigwa.

Alors, poursuit-il, après le génocide, les responsables des églises avaient une grande responsabilité de renforcer les enseignements qui montrent les valeurs et le rôle d’un vrai chrétien, surtout dans les moments difficiles tel que le génocide. Ils ont eu le temps de rappeler à leurs fidèles que s’ils avaient respecté l’éthique chrétienne, beaucoup de vies auraient été sauvées car la parole de Dieu exige toujours l’amour, la charité et le sacrifice envers son prochain, surtout en cas de danger.

"Ces valeurs d’un bon chrétien, avaient été remplacées par la méchanceté, la haine et les divisions ethniques et cela a eu pour conséquence la malédiction. Ceci est prouvé par le fait que ces chrétiens n’ont pas été épargnés d’exil, de jugement, d’emprisonnement, de la culpabilité et d’insécurité morale et spirituelle" ; souligne le pasteur Mudahigwa.

La plupart de chrétiens ont avoué et demandé pardon aux victimes du génocide soient dans des villages, églises, prisons, etc. Actuellement, les chrétiens témoignent qu’ils ont une référence concrète du mal et de ses différentes conséquences et qu’ils ont une maturité suffisante, de sorte qu’ils ne peuvent plus participer dans un génocide, conclut pasteur Mudahigwa.

Chantal Namukunzi


 

[caption id="attachment_2855" align="aligncenter" width="734"]Agathe Kandema Agathe Kandema[/caption]


”La chrétienté inspire aujourd’hui confiance ”

Alors que la religion chrétienne semblait avoir planté ses jalons au Rwanda pré-génocide de 1994, cela n’a pas empêché que ses adhérents et leurs dirigeants aient terni son image en trempant dans le génocide perpétré contre les Tutsi.

Agathe Kandema, chrétienne catholique convaincue, bien qu’étant jeune au moment du génocide, considère pourtant que ”si certains chrétiens ont été négativement actifs durant le génocide, c’est parce qu’ils étaient pauvres non seulement économiquement, mais aussi spirituellement”.

Selon elle, ”La chrétienté a tellement évolué par rapport à la période qui a précédé le génocide, et cela va de paire avec le niveau d’instruction de la population et la multiplication progressive d’institutions scolaires et académiques”.

Kandema n’hésite pas à comparer l’adhésion à la chrétienté de l’époque au pur fanatisme, allusion faite aux rituels qui semblaient être des simples formalités d’usage.

Comparant les époques, elle explique que l’expérience du génocide a suffisamment instruit les Rwandais en général et les chrétiens en particulier, mais qu’actuellement, dit-elle ”les gens sont imprégnés des droits de l’homme, et si d’éventuels conflits pouvaient naitre, ils résulteraient des conflits d’intérêts et non sur base de l’idéologie du Génocide”.

Pour certains religieux ou chrétiens qui véhiculeraient encore l’idéologie du génocide de nos jours Kandema explique qu’ ”avant d’être chrétiens, ils sont d’abord des humains et pour avoir intériorisé cette idéologie du génocide durant plus de 30 ans, il faudrait plus de temps pour l’éradiquer en eux”.
Elle attend de l’église plus d’assiduité dans la diffusion des principes moraux qui reposent sur l’observation des lois de Dieu.

Au gouvernement, Kandema demande de rester en éveil pour dissocier les religieux qui enseignent réellement la parole de Dieu de ceux qui visent leurs intérêts personnels et pouvant se servir de tous les moyens pour y parvenir y compris la propagation de l’idéologie du génocide.

Jean Louis Kagahe


 

[caption id="attachment_2856" align="aligncenter" width="729"]Yvonne Murengezi (Photo S. Byuma) Yvonne Murengezi (Photo S. Byuma)[/caption]


 

”L’idéologie de génocide cessera avec le temps”

Alors que le Rwanda va bientôt observer une semaine cumulée du deuil national en mémoire des leurs qui ont péri dans le génocide contre les Tutsi de 1994, l’hebdomadaire La Nouvelle Relève a mené une petite enquête sur la perception de l’idéologie du génocide dans la communauté rwandaise plus précisément au sein des membres de différentes confessions religieuses chrétiennes.

Mlle Yvonne Murengezi, remarque qu’un grand pas a été franchi dans la lutte contre l’idéologie du génocide : tout le monde vaque à son travail, sans distinction ni discrimination. Cependant, en ce qui concerne les chrétiens rwandais, tous ne sont pas indemnes pour affirmer qu’ils ont déjà dépassé l’ethnisme et propos génocidaires 22 ans après le génocide.

Murengezi donne l’exemple de certaines Eglises protestantes dont les pasteurs et fidèles ont été pointés du doigt pour avoir propagé des propos qui nuiraient au bien-être des Rwandais quant à leur unité et réconciliation.

"Je ne suis pas Dieu pour scruter leurs cœurs, mais ce qui saute aux yeux, certains chrétiens rwandais sont hypocrites : ce qu’ils disent ne pas forcément ce qu’ils font", a-t-elle remarqué. Cette jeune fille est confiante que l’idéologie du génocide cesserait avec le temps, car d’après elle, c’est question de génération et du leadership.

Safari Byuma


 

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