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Focus : l’incinération au Rwanda

Par 2015-03-03 09:07:03

Dans la culture rwandaise, les morts sont respectés et enterrés dans la dignité. La loi sur l’incinération vient bouleverser les us et coutumes qui définissent de façon détaillée comment les cérémonies d’enterrement se déroulent. Les progressistes voient le bien fondé de cette décision mais les conservateurs imaginent mal comment un être qui vous est cher peut être abandonné à l’incinération.
« L’incinération, incompatible avec la culture rwandaise, » Belthilde Mukarunyange
Alors qu’une loi sur l’incinération des morts a été adoptée afin de permettre aux familles éprouvées de se passer des dépenses funéraires et sans supprimer la cérémonie d’inhumation qui était en vigueur au Rwanda, les opinions divergent sur cette nouveauté.

[caption id="attachment_165" align="alignright" width="300"]Berthilde Mukarunyange Berthilde Mukarunyange[/caption]

En milieu rural et semi-urbain, certains ne comprennent pas du tout comment on va amener aux buchers leur être cher même s’il est mort, c’est le cas de Belthilde Mukarunyange du secteur de Shyogwe, district de Muhanga, dans la province du Rwanda.
« Je ne comprends pas comment on peut donner quelqu’un de la famille pour le faire brûler. Ce n’est pas dans notre culture et même de nos croyances religieuses. La façon dont les chrétiens accompagnent les morts à leur sépulture est digne mais quand on dit que nous allons les brûler moi je considère cela comme un manque de respect aux morts… on doit respecter les morts. »
Cette femme-leader d’une coopérative paysanne estime que chacun devra toujours procéder comme il le souhaite et éviter la contrainte car la cérémonie d’inhumation c’est le dernier respect à un ami ou un membre de la famille qui est mort.

Pascal Niyonsaba


 

 

« Etre enterré ou être brûlé, cela n’a aucun impact négatif pour le mort, M. Anselme Sezibera

[caption id="attachment_164" align="alignleft" width="150"]Anselme Anselme[/caption]

Etant donné que l’incinération de morts est une chose étrange dans la culture rwandaise, la plupart de gens se posent tant de question en ce qui concerne sa pratique. En effet, ils pensent déjà à leurs jours de décès et s’inquiètent du traitement qui sera réservé à leur propre corps, précise M. Anselme Sezibera.

Du point de vue culturel, c’est encore très difficile pour la plupart de Rwandais habitués à faire des cérémonies d’inhumation au cimetière, un moment inédit de faire des adieux à leurs proches, de comprendre cette culture d’incinération qu’on considère comme une culture trop occidentale. En abordant le côté économique, Anselme Sezibera se montre catégorique.
« Du côté économique, ces inquiétudes n’ont pas de fondement. Quand on est mort, on n’est plus sensible, être enterré ou être brûlé, cela n’a aucun impact négatif pour le mort, surtout que même si on est enterré dans quelque temps on est déjà pourri. Je pense que tout changement ne manque pas de résistance surtout que la mort touche plus à nos émotions, mais l’essentiel est de voir ce qui est bénéfique pour les vivants ; » indique M. Anselme Sezibera.
Il faut aller plus loin, on est sans ignorer qu’au Rwanda on n’a pas assez d’espace, c’est évident que la terre devrait appartenir aux vivants, si non, on peut se rendre compte que plus ou moins un tiers de la terre devrait être réservé aux cimetières, au moment où la croissance démographique est remarquable dans le pays, souligne-t-il.

Chantal Namukunzi


 

 

« L’incinération réduit le coût des funérailles, » Fred Kamurase

Le Conseil des Ministres a dernièrement adopté et approuvé l’arrêté du Premier Ministre qui stipule sur l’incinération au Rwanda. En effet, les morts seront dans les prochains jours brûlés et transformés en cendre. Il reviendra aux familiers de prendre ou pas une petite quantité du centre d’os et de la chaire pour la garder pour mémoire.

Pour Fred Kamurase, le Rwanda est dans la droiture pour plusieurs raisons. D’après lui, les morts ne reviennent jamais, inutiles donc de compter sur leur ensevelissement très honoré et coûteux. "J’aurais voulu qu’une ambulance soit à la morgue pour acheminer directement le mort au lieu d’incinération. Les cérémonies coûteuses de faire les adieux à domicile ne sont pas nécessaires alors qu’elles restent très coûteuses à la famille du défunt qu’aux amis et membres de la famille", estime Kamurase qui fait quand même un nota bene. " L’opération d’incinération devra être exécutée par un personnel de l’Etat, car les Rwandais ne peuvent pas accepter facilement la mutilation de leurs morts", annonce-t-il.

[caption id="attachment_162" align="alignright" width="300"]Kamurase Fred (Photo Safari Byuma) Kamurase Fred (Photo Safari Byuma)[/caption]

M. Fred Kamurase est tout à fait d’accord pour l’incinération pour récupérer les aires des cimetières à des fins d’agriculture et de développement. "Si certains pensent que c’est contraire à la culture rwandaise, il faut qu’ils sachent que la culture naît, grandit, vieillit et meurt… C’est question de mentalités qui doivent être positives par rapport aux besoins du pays ", a-t-il insisté.

 

Safari Byuma


 

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