https://www.traditionrolex.com/25 Interview exclusive : Juvénal Ndayisenga

Interview exclusive : Juvénal Ndayisenga

Par 2015-09-01 10:42:33

Juvénal Ndayisenga


 

Juvénal Ndayisenga : “ Nous sommes dans la transformation bio pour répondre aux besoins en qualité des produits alimentaires, ce qui cadre avec la politique de la valorisation des produits agricoles”

La transformation des fruits et du miel est la principale orientation de la Compagnie Bio- Hap LTD. Son directeur général, M. Juvénal Ndayisenga, expert et consultant en technologies alimentaires, a accepté de parler des stratégies de production de la compagnie qui a débuté comme coopérative et qui cherche à conquérir le marché local et international par des produits uniquement bio.
Interview…

La Nouvelle Relève (LNR) : Vous êtes dans la production alimentaire ou la transformation agroalimentaire, mais il se pourrait que vous exigiez beaucoup aux producteurs agricoles et aux apiculteurs.

Juvénal Ndayisenga (JN) : Nous avons commencé par une coopérative COATRACO Pro bio en 2004 et on a changé la coopérative en une compagnie par actions pour éviter une gestion artisanale. La compagnie était ouverte à tout le monde capable d’y acheter des actions selon ses capacités financières mais les produits sont restés les mêmes et on y ajoute d’autres. Aujourd’hui nous produisons les liqueurs de fruits et de miel, les vins de fruits et de miel, le miel naturel, les concentrés de fruits que l’on peut consommer en accompagnement du pain sec, les jus dilués et les sirops de différents fruits. Notre particularité est que nous exigeons des fruits et du miel produits avec seulement de l’engrais organique et sans pesticides.

LNR : Sans doute que vous avez votre façon de vous procurer en matière première et d’identifier les fruits purement bio ?

JN : Nous achetons de la matière première directement chez les horticulteurs et apiculteurs ou par les intermédiaires. Pour les fruits, il suffit de faire une coupe et de goûter pour sentir les traces résiduels des intrants chimiques et des pesticides et il ya des fruits qui ont des taches sur le zeste qui témoignent de l’usage des intrants chimiques. Nous avons un nouveau programme de travailler avec les agriculteurs afin d’éviter les produits infestés par l’usage des pesticides et engrais chimiques. Nous leur fournissons des semences et nous nous intéressons aux régions adaptées aux fruits comme ex- Byumba et ex-Cyangugu pour les passiflores communément appelées maracuja. Nous demandons à nos partenaires horticulteurs de poser des ruches pour abeilles non loin des champs car elles vont butiner lors de la floraison pour produire du nectar ou du pollen. Le mariage de l’horticulture et de l’apiculture a un double avantage car les abeilles favorisent la pollinisation et par là les fruits que nous voulons et les fleurs des plantes donnent du miel.

LNR : Pour une entreprise comme la vôtre, il ya son impact dans la population dans l’immédiat et dans l’avenir.

JN : Nous avons notre siège dans le secteur de Kagarama dans le district de Kicukiro mais puisque les producteurs se trouvent en dehors de Kigali comme Nyakinama, Burera et Rutare, nous ne comptons pas y aller amener des fruits mais nous voulons créer les unités périphériques de transformation et nous pourrons amener à Kigali le jus, les déchets dans ce sens servirons de fumure pour les horticulteurs alors qu’à Kigali la gestion des déchets est un autre fardeau.

Nous travaillons avec des départements de chimie et des techniques alimentaires, on nous envoie une quinzaine d’étudiants chaque année. Nous gardons les contacts avec eux et nous allons les employer dans les unités périphériques qui vont devenir de petites entreprises, moyennes et même grandes autonomes tandis que Kigali aura son rôle de centralisation.

LNR : Parlez-nous du marché de vos produits bios ?

JN : Notre offre est à 25% de la demande, ce qui veut dire que nous avons un marché dont nous ne serons pas capables de satisfaire. Nous n’avons pas pour le moment de stock mort, nous allons renforcer notre partenariat avec les agriculteurs afin de contrecarrer les spéculateurs qui achètent les fruits afin de les exporter à moindre frais. Pour le marché à l’extérieur du Rwanda, je tiens à dire que les pays voisins du Rwanda aiment nos produits. Nous avons été dans des expositions commerciales à Brazzaville (République du Congo) et à Libreville (au Gabon), ils ont aimé nos produits mais le problème c’est la cherté du transport aérien. Nous cherchons des comptoirs en Uganda et au Kenya, il ya des marchés éloignés qui nous font les yeux doux : le Ghana et le Nigéria mais comme je l’ai dit le transport reste un problème.

LNR : Votre mot de la fin ?

JN : Je pense qu’il faut convaincre les Rwandais sur l’originalité et la qualité des produits made in Rwanda, les Rwandais sont attirés par des produits exotiques même si la qualité est inférieure à celle de nos produits. Pourtant, les étrangers aiment nos produits, il ya ceux qui m’ont demandé de leur apprendre comment l’on procède, ils disaient que cela serait leur décollage. Et pourtant ici on ignore nos produits, encore bio.

Des propos recueillis par Pascal Niyonsaba


 

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