[caption id="attachment_2069" align="aligncenter" width="701"] Le Dr Venuste Karambizi (Photo Safari Byuma)[/caption]

 

Les parlementaires rwandais ont dernièrement opté pour la modification de certains articles de la Constitution de la République du Rwanda dont l’article 101 qui donne désormais prérogatives au Président sortant Paul Kagame de briguer un troisième mandat de 7 ans et de pouvoir aussi se représenter deux fois consécutives pour deux autres mandats de 5 ans chacun. Si Kagame devient favorable au vœu de certains Rwandais, il pourrait diriger le Rwanda jusqu’en 2034. Venuste Karambizi, Dr en Relations Internationales, s’y est exprimé pour lever le quiproquo. Interview !

La Nouvelle Relève (LNR) : le Rwanda est-il dans le droit de retoucher toujours certains articles de la constitution ?

Le Dr Venuste Karambizi (Dr VK) : la modification de la constitution dépend du contexte politique d’un pays. Même les pays stables, ont connu, au cours de leur parcours, la révision de leurs constitutions respectives. Dès qu’ils ont été stables, leurs constitutions l’ont été aussi. Le Rwanda poste-génocide n’est pas encore stable, 21 ans après. Les Rwandais ne sont pas emprisonnés ni ligotés, ils sont éligibles à réviser leur constitution, chaque fois que le changement est utile. En effet, ils comblent des lacunes…

LNR : le Président sortant (2017) Paul Kagame est le privilégié de la révision constitutionnelle. Il reçoit les prérogatives de briguer un troisième mandat de 7 ans et les autres de 5 ans chacun. Il serait en exercice dans les hautes fonctions de la République jusqu’à 2034. Votre point de vue ?

Dr VK : le Président Kagame a toujours joué un rôle clef dans la conception des politiques du développement multisectoriel du pays. S’il continue à conduire la barque, on est sûr qu’il accosterait ! C’est tout un système de gestion qu’il pilote, il en a la compétence ! Depuis 21 ans, le Rwanda a connu un fort engouement économique grâce à lui. Chose certaine, le développement du Rwanda ne va pas vite comme on le veut. La vision de développement rassuré nommée vision 2020 a été conçue par lui. Les Rwandais veulent qu’il achève ses ambitions y relatives. Ce n’est pas intelligent de remplacer une personne qui est encore utile au peuple.

LNR : remarquez-vous que certains Rwandais seraient traumatisés suite aux événements macabres qui ont marqué leur histoire et par conséquent, réticents à se mêler dans les affaires politiques ?

Dr VK : le Peuple rwandais se mêle bien dans les affaires politiques du pays. Cela est mesurable : lorsque quatre sur six millions d’électeurs rwandais se mettent à écrire des pétitions en faveur de la reconduction du Président Kagame, n’est-ce pas une façon de se mêler dans la politique. Lorsque c’est l’Assemblée Nationale qui en débâte, lorsque, moi Venuste Karambizi j’en parle dans les médias, cela n’est-il pas une façon d’exprimer les vœux et les sentiments des citoyens sur une question politique ?

LNR : le Président Kagame reste donc d’après vous, une idole des Rwandais ?

Dr VK  : Paul Kagame s’impose dans le pays, dans la région et dans le monde. Il ne doit pas être remplacé ! Si vous regardez le PIB du Rwanda d’avant 1994, vous remarquerez qu’il atteignait à peine 250$ par an et par individu. A présent, ce PIB a atteint 700$, on est donc au-delà du double, 21 ans après l’hécatombe rwandaise qui est le génocide contre les Tutsi. Le Rwanda envisage réaliser 1240$ en terme de PIB d’ici 2020. A ce stade, le Rwanda serait classé parmi les pays de la planète à revenu intermédiaire. Le pays a grandement réalisé des progrès gigantesques sous le régime de Kagame, en plus de l’unité et de la réconciliation des Rwandais. Au niveau régional, il faut voir l’état de sécurité du Rwanda qui lui permet d’organiser des conférences régionales et internationales. Ceci témoigne d’une stabilité et de la confiance que le monde entier lui réserve. Au niveau mondial, le Rwanda a une bonne cote du côté bonne gouvernance, du côté diplomatique et dans d’autres aspects. S’il faut en donner un petit exemple, regardez comment le Rwanda a réagi sagement face à cette petite brouille diplomatique entre le Rwanda et le Burundi.

LNR : trop de femmes au Parlement rwandais, une stratégie persuasive du régime en faveur du Président Kagame ? Le psychanalyste Sigmund Freud aurait-il inspiré le pouvoir en place ?

Dr VK : non ! Dans le monde, on connait des femmes vaillantes capables de servir la nation au même titre que les hommes. Elles sont présidentes et elles dirigent bien leurs pays. Regardez comme la Chancelière Angela Merkel, la Présidente du Brésil, Dilma Rousseff et d’autres. Elles dirigent de grandes nations. Elles ne sont pas forcément dépendantes de leurs sentiments comme le prétend ce psychanalyste Sigmund Freud. Ce dernier est un chercheur comme tant d’autres qui ont été utiles à la planète. Cependant, les résultats de ses recherches ne doivent pas être considérés comme un dogme. Il faut les orienter et les mettre dans un contexte précis pour les interpréter. Les femmes parlementaires rwandaises ne sont pas au service du régime en place…

LNR : y-a-t-il au Rwanda des éléments qui justifient l’état de lieu d’une démocratie ?

Dr VK  : affirmatif ! D’une manière énumérative, regardez la politique de décentralisation et de démocratisation des institutions publiques, l’état de lieu des élections libres et transparentes depuis 2001, le multipartisme, la liberté d’expression dans les médias, la liberté de conscience et de religion, le droit à la manifestation, etc. ; tous expriment la volonté politique d’asseoir une démocratie.

LNR : en termes de conclusion ?

Dr VK : que les médias étrangers cessent de reposer sur des mythes anciens non fondés pour faire des critiques non valides. Que les journalistes descendent sur terrain pour se rendre compte de la réalité du Rwanda. Ils doivent se documenter, qu’ils cessent de s’aligner derrière certains pays médisants…

Propos recueillis par Safari Byuma