[caption id="attachment_2268" align="alignleft" width="373"] Jacqueline Murekeyisoni[/caption]

Jacqueline Murekeyisoni est Présidente de l’Association Ciné-Femme au Rwanda. Elle se bat avec toute la dernière énergie afin que la femme rwandaise intègre le secteur du cinéma sans complexe en brisant toutes les barrières culturelles qui freinent encore sa pleine émancipation. La bataille à livrer est dure, mais l’espoir retentit. Portrait !

Elle a tous les deux yeux dans les vitres du cinéma en qualité d’une femme passionnée qui veut intégrer ses paires dans cette industrie quasi-nouvelle au Rwanda. Jacqueline Murekeyisoni n’avait jamais rêvé devenir actrice. Mais sa passion pour la danse rwandaise, lui donne, petit à petit, goût à la culture rwandaise et plus particulièrement à son histoire.

Pendant l’adolescence, elle n’avait pas encore décidé de ce qu’elle deviendrait. A l’occasion d’une rencontre avec une amie dans sa contrée de naissance, Jacqueline Murekeyisoni découvre très vite qu’elle reste ignorante sur le cinéma.

En effet, sa camarade lui avait montré un extrait d’un film où des feux d’artifice assaisonnaient la cérémonie. Depuis lors, elle a aimé les films, mais aussi tout ce qui tourne autour d’un événement heureux avec bien sûr des feux d’artifice.

Née dans l’ancienne commune de Kibali dans l’ex Préfecture de Byumba, Nord, à présent dans le secteur administratif de Byumba, Jacqueline Murekeyisoni est issue d’une famille nombreuse de 11membres. Malheureusement, deux d’entre eux sont morts. Elle compte à présent des frères et sœurs, au total neuf qu’elle aime bien. Son anniversaire est le 25 décembre. Elle serait appelée Noëlla pour le fait qu’elle est née le jour même présumé de la naissance de Jésus Christ !

Jacqueline Murekeyisoni a déjà mis au script deux films dont un long métrage d’une heure et 17 minutes titré Rukara Rwabishingwe et l’autre Le secret d’Alcove qui est en cours. Mme Jacqueline Murekeyisoni dit qu’elle écoutait la radio chaque soir avec son père. Celui-ci prêtait une oreille attentive à une émission culturelle (igitaramo).

Il avait l’habitude de raconter à sa fille l’histoire de Rukara Rwabishingwe qui avait tué deux soldats belges. Comme l’histoire la terrifiait, Mme Jacqueline Murekeyisoni pensait que Rukara Rwabishingwe était un animal effrayant... Quand elle a grandi, elle a vite senti le besoin de connaître en profondeur toute l’histoire de ce héros rwandais.

En route vers le cinéma

Depuis 1996, Mme Jacqueline Murekeyisoni est entrée par la grande porte de la Troupe Culturelle nommée ”Théâtre Ballet Mutabaruka” dont Kalisa Rugano est titulaire. La danse des jeunes rwandaises et rwandais la rend folle, bien qu’elle ne soit pas rangée parmi les meilleures danseuses. Toutefois, elle garde son moral très haut, dans son esprit, avec l’idée d’embrasser le cinéma en qualité d’une femme rwandaise.
Mme Jacqueline Murekeyisoni décida plus tard de faire du cinéma en vue de concrétiser son rêve. Curieusement, elle remarque que les femmes ne sont pas vraiment nombreuses ni imprégnées dans ce domaine, encore moins les femmes rwandaises qui portent tous les fardeaux de tabous culturels.

La cinéaste Jacqueline Murekeyisoni se forme pour la réalisation des films. Dans sa pensée, elle vise à aider ses consœurs rwandaises qui feraient mieux que les hommes. Elle déplore le nombre insignifiant des femmes dans l’industrie du cinéma dans le monde et déplorablement au Rwanda.
Combat pour la cause de la femme

Mme Jacqueline Murekeyisoni ne cesse de faire les va-et-vient au Ministère qui a la culture dans ses attributions. Elle demande l’aide et soutien pour intégrer la femme rwandaise dans l’industrie du cinéma. Elle a négocié des formations à l’endroit des femmes, mais elles sont peu nombreuses à répondre.

Murekeyisoni a fait même le lobbying auprès des institutions habilitées, mais les barrières sont innombrables. Elle aurait voulu que sa pensée soit soumise auprès de la Première Dame, mais elle reste dans la course…

La cinéaste Jacqueline Murekeyisoni mène la guerre aussi contre le piratage sur le marché rwandais. Elle pense que les femmes hésitent à se lancer dans le cinéma suite au problème du piratage. D’après Murekeyisoni, le cinéma n’est pas aussi un jeu d’enfant comme beaucoup peuvent le penser. C’est une carrière des élites, car le cinéma est vaste et demande des fonds considérables pour son fonctionnement. On fait autour de six ans pour devenir médecin, alors que le cinéma nécessite pas moins de neuf ans.

Jacqueline Murekeyisoni donne conseil à ses paires femmes de maîtriser au moins une langue internationale pour bien réussir dans le cinéma. Elle donne l’exemple des Rwandais qui font des navettes entre Kigali et Durban (RSA) pour défendre leurs projets. D’après elle, ce n’est pas le kinyarwanda qui sera la langue de communication devant les sponsors. C’est soit le français ou l’anglais, dit-elle.
Faits divers

Mme Jacqueline Murekeyisoni n’est pas à vrai dire amatrice de la nourriture ! Quand elle s’en donne, elle préfère la viande contrairement aux fretins (indagara). Cette femme à grande personnalité est une fidèle catholique. Au Rwanda post-génocide, elle salue l’assainissement des places publiques jamais vu nulle part ailleurs en Afrique sub-saharienne, la considération de la femme et son émancipation, l’éducation pour tous, l’esprit de tolérance et d’auto-développement pour tous les Rwandais et enfin, la convivialité dans les cérémonies de mariage.

Son plus bon rêve reste son souvenir d’enfance, lorsqu’un jour elle avait regardé un film d’un événement heureux d’une famille européenne, laquelle cérémonie était ponctuée par des feux d’artifice. Mme Jacqueline Murekeyisoni souhaite qu’un jour dans sa vie, elle soit au centre d’une cérémonie qui fait exploser des feux d’artifice (un événement à grande pompe). Elle prie pour ça.

Safari Byuma