https://www.traditionrolex.com/25 Jacques Nzabonimpa : fierté et dignité recommandées !

Jacques Nzabonimpa : fierté et dignité recommandées !

Par 2016-01-04 10:13:33

[caption id="attachment_2359" align="aligncenter" width="743"]Le Dr Jacques Nzabonimpa (Photo Safari Byuma) Le Dr Jacques Nzabonimpa (Photo Safari Byuma)[/caption]


 

Le Dr Jacques Nzabonimpa chapeaute l’unité de la Culture au sein de l’Académie Rwandaise de la Langue et de la Culture (RALC). Il exhorte les jeunes d’être fiers et dignes d’être rwandais en véhiculant leur culture dans d’autres pays de la planète sans entrave ni complexe. La culture rwandaise est riche et variée et constitue une source des valeurs positives qui servent des solutions aux problèmes rwandais et pourquoi pas planétaires ? Interview !

La Nouvelle Relève (LNR) : La culture rwandaise est-elle vue toujours dans son contexte originel ?

Jacques Nzabonimpa (JNZ) : La culture rwandaise est vaste, elle renferme la façon de voir et d’analyse. Les Rwandais ont encore leur langue, ils ont leur identité culturelle. S’il faut dire vrai, le Rwanda fait exception en Afrique. Certains pays africains font toujours référence à leurs pays colonisateurs pour un fait socioculturel donné, ce que le Rwanda ne fait pas. L’originalité demeure quand même malgré l’état de lieu de plusieurs influences.
LNR : Le Kinyarwanda est de fois ponctué par des mots empruntés dans d’autres langues. Une critique ou pas ?

JNZ : A l’ère de la venue des technologies diverses dans plusieurs domaines, on est obligé d’emprunter certains mots techniques inconnus dans le kinyarwanda. Par exemple, ishati (shirt) ipantaro (pantalon). L’Académie Rwandaise de la Langue et de la Culture est entrain d’inventer des mots appropriés qui remplaceraient ceux empruntés. Les travaux y relatifs sont en cours.

LNR : Ne trouvez- vous pas une sorte de paresse chez certains Rwandais qui empruntent des mots dans les langues étrangères alors que ces mots sont bel et bien connus dans le kinyarwanda ?

JNZ : La paresse n’est pas d’hier, elle date de longtemps. Certains Rwandais ont toujours utilisé des termes et des mots techniques issus d’autres langues, ça dépend du choix de chacun. Jadis, les Rwandais inventaient des mots appropriés, mais un peu plus tard, ils ont abandonné ce plaisir d’en avoir. Encore une fois, l’Académie Rwandaise de la Langue et de la Culture y pense et doit y apporter une solution durable.

LNR : Comment surmonter ce défi ?

JNZ : Rien que la sensibilisation et la création de nouveaux mots qui correspondent aux mots utilisés dans la pratique et usage des technologies actuelles.

LNR : Faut-il parler des langues africaines aux Nations-Unies à côté de celles reconnues ?

JNZ : Exact ! Le swahili est reconnu aux Nations-Unies. Mais d’autres langues connaissent des difficultés à s’imposer sur le plan international face à celles des anciennes métropoles.
Chose importante à noter, plus le pays s’impose économiquement au niveau mondial, plus les habitants de la planète manifestent le désir d’apprendre sa langue. Je donne l’exemple des Américains qui apprennent le kinyarwanda aux USA…

LNR : La complexité de la culture rwandaise se remarque aussi dans la façon de dialoguer et d’échanger des propos mensongers pendant les cérémonies de mariage. Y a-t-il de quoi se réjouir ?

JNZ : La culture rwandaise veut qu’une chose précieuse ne se donne pas facilement. Cet échange des propos pendant les cérémonies de mariage (imisango) traduit la grandeur d’esprit des Rwandais (résistance, intégrité, bonnes manières, honnêteté, etc.) qui doivent marquer la famille de l’époux. Il ne s’agit pas par là des mensonges, mais une façon de mesurer le degré de sagesse et d’intégrité de la famille de l’époux à travers des discours bien embellis dans le strict contexte culturel. L’éloquence compte dans ces cérémonies…

LNR : L’habillement des hommes et femmes au Rwanda sont contraires à la culture rwandaise dans certains cas.

JNZ : Déplorable pour les jeunes garçons et filles en plus de certaines femmes. Leurs tenues ne sont pas décentes, plus de pudeur… Le comble de malheur est que leurs tenues peuvent faire aussi bien la honte à celui ou celle qui les porte et à celui ou celle qui les regarde. Ce phénomène me rappelle la guerre des cultures qui est par ailleurs un grand chapitre à développer. Les gens se donnent aux modes sans savoir pourquoi, c’est de l’ignorance.

LNR : Y-a-il des initiateurs de la dégradation des valeurs positives culturelles entre les stars, les médias et les politiciens ?

JNZ : Toutes les personnes influentes peuvent jouer ce rôle. Par exemple un politicien, lorsqu’il emprunte un mot étranger pour exprimer son point de vue politique, les médias le reprennent sans modification. A plusieurs reprises, ce mot peut devenir très courant dans le langage des citoyens. Au Rwanda le mot "Technique" ou "gutekinika" vient des hommes politiques (ndr). De même, les stars peuvent influencer sur le port d’une tenue plutôt qu’une autre même dans des conditions climatiques inappropriées. Dans ce contexte, les médias ont une influence indirecte.

LNR : La culture rwandaise s’oppose à l’individualisme ?

JNZ : Certainement oui. Mais alors, elle a été envahie par d’autres étrangères qui véhiculent l’individualisme…

LNR : Les Rwandais savent encore faire des salutations suivant leurs normes culturelles ?

JNZ : Au fur du temps, des influences d’autres langues ont été nombreuses. Mais en principe, les Rwandais ont leur propre façon de s’adresser mutuellement des salutations. (Girinka-Ndayishimye…).

LNR : Un message aux Rwandais.

JNZ : Que les Rwandais luttent pour leur dignité et véhiculent leurs valeurs culturelles positives partout où ils se trouvent. La culture rwandaise est riche et vaste, elle constitue l’identité des Rwandais.

Propos recueillis par Safari Byuma


 

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