https://www.traditionrolex.com/25 Ismaël Ntihabose : coup de pousse au cinéma

Ismaël Ntihabose : coup de pousse au cinéma

Par 2016-01-11 13:40:29

[caption id="attachment_2415" align="aligncenter" width="732"]Ismael Ntihabose Ismael Ntihabose[/caption]


 

Ismaël Ntihabose est président de la Fédération du Cinéma au Rwanda (RFF). Il reconnaît la grande route à franchir pour les cinéastes rwandais qui doivent travailler dur pour devenir professionnels. L’industrie du cinéma au Rwanda doit donc connaître des retouches pour en faire un secteur rentable qui contribue au développement du pays. Interview.

La Nouvelle Relève (LNR) : A quelle date faut- il parler du cinéma au Rwanda ?

Ismaël Ntihabose (INT)  : Le premier cinéma au Rwanda date des années cinquante. Lorsque les Américains et Occidentaux tournaient des films en Afrique, on se souviendra du tout premier film au Rwanda : Les Mines du Roi Salomon (King Solomon’s Mines) réalisé par Compton Bennett et Andrew Marton, (sorti en 1950) dont les Rwandais sont acteurs. Mais en réalité, le cinéma rwandais ne date pas de longtemps, en 1998.

LNR : De quoi parle le cinéma rwandais ?

INT : Plusieurs thèmes. Les cinéastes rwandais parlent du génocide contre les Tutsi de 1994, la libération du Rwanda par les Rwandais eux-mêmes, la vie quotidienne des Rwandais, l’amour, vie privée d’un personnage et autres sujets divers.

LNR : Les Rwandais apprécient-ils les œuvres des cinéastes rwandais ?

INT : Il y a une forte demande des Rwandais, mais essentiellement ceux du milieu rural. Les citadins n’ont pas de préférence aux films locaux, leur goût va aux films étrangers pleins d’effets spéciaux, ceux joués par de grands personnages célèbres. En réalité, ils réfutent les films rwandais au détriment des films de grandes maisons comme par exemple Hollywood.

LNR : La route est encore longue pour les cinéastes rwandais ?

INT : Pourtant il y a beaucoup à se réjouir. Les cinéastes rwandais gagnent des prix dans différents festivals. Ils jouent leur culture, ils parlent de leur vie du quotidien. La culture rwandaise est unique, elle est appréciée et par conséquent, très sollicitée dans le cinéma (long métrage).

LNR : Qu’est-ce qu’on dit contre le cinéma rwandais ?

INT : Manque de professionnalisme, manque de connaissances suffisantes sur l’industrie du cinéma, manque de matériels et autres faits comme le manque de capacité technique.

LNR  : Que faut-il dire sur les attitudes des acteurs des films rwandais ?

INT : Les films rwandais sont de fois accusés de très froids, joués comme si c’était une pièce de théâtre. Il faut encore des formations et des entraînements des acteurs pour un meilleur film. Mais au niveau technique, le plus grand défi aux acteurs rwandais consiste à jouer un film dans un environnement inapproprié ou qui manque cruellement de matériels (décor). Il faut aussi dire que pour devenir un meilleur acteur, ça prend du temps…

LNR : Les acteurs rwandais sont-ils dans leur bain lorsqu’ils sont sur scène ?

INT : Leur tempérament, leur façon de jouer en exprimant une émotion spécifique dans un contexte précis, est aussi un autre défi. Nous avons besoin des acteurs qui expriment bien ce qu’ils sont entrain de jouer.

LNR : Cela serait-il la justification de la création de la Fédération du Cinéma au Rwanda ?

INT : Exact, répondre aux attentes des Rwandais en transformant les cinéastes rwandais en véritables professionnels. Il fallait aussi un cadre qui assurerait aux cinéastes rwandais des formations. A partir de cette année (2016), la fédération injectera dans l’industrie du cinéma au Rwanda de nouvelles orientations, de nouvelles valeurs culturelles, ça c’est sûr…

LNR : Le cinéma au Rwanda est-il un secteur économique rentable ?

INT : Oui, mais le piratage des œuvres constitue un grand frein à l’industrie du cinéma. Si le gouvernement veillait au respect des propriétés intellectuelles, le cinéma au Rwanda serait plus rentable. Mine de rien, le cinéma fait vivre… Les cinéastes en tirent quand même profit et survie.
LNR : Un message aux intervenants dans l’industrie du cinéma.

INT : Aux acteurs, il faut leur dire que la qualité prime sur tout. Pour faire ou produire une bonne œuvre, il faut un objectif qui doit être appuyé par des pratiques professionnelles. Aux amateurs des films, qu’ils comprennent que les valeurs culturelles rwandaises affrontent un combat qui les opposent aux influences diverses. Jamais un Rwandais ne sera comme Schwarzenegger, l’identité des Rwandais reste originelle, qu’ils se contentent de leur culture. A l’Etat rwandais, le besoin de partenariat dans l’industrie du cinéma est urgent. Si le gouvernement injecte des fonds dans le secteur du football, pourquoi pas un appui technique dans le domaine du cinéma au Rwanda. Le cinéma au Rwanda a besoin de matériels, des formations et de collaboration avec l’Etat. Tout cela sera dit et souligné dans la Conférence Internationale sur le Cinéma qui aura lieu à Kigali du 11 au 12 mars 2016.

Propos recueillis par Safari Byuma


 

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