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Interview:Révérend Jean-Pierre Uwimana pour les médias professionnels

Par 2016-01-18 14:10:13

[caption id="attachment_2441" align="aligncenter" width="804"]Le Rév Jean Pierre Uwimana Le Rév Jean Pierre Uwimana[/caption]


 

Le Révérend Jean Pierre Uwimana est enseignant à l’Université du Rwanda à l’Ecole du Journalisme, Membre du Conseil d’Administration de RBA et Chargé de Mission au sein de l’Institut Panos Grand Lac au Rwanda. Il veut lutter pour plus de professionnalisme et dignité en faveur des hommes et femmes des médias. Interview !

La Nouvelle Relève (LNR) : Le secteur des médias au Rwanda a déjà un parcours non négligeable. Faut-il parler de sa grandeur et faiblesse ?

Rév. Jean-Pierre Uwimana (RJPU) : Il faut comparer les périodes. Durant de longues années, le pays n’avait pas d’écoles de journalisme. A présent, elles existent et restent trop jeunes. La grandeur du secteur des médias au Rwanda se situe à trois niveaux : la volonté des journalistes qui veillent à leur professionnalisme, la volonté politique (soutien des médias et promotion de la liberté d’expression) ainsi que le public rwandais qui veut consommer une information fiable. Il y a l’explosion du nombre de médias (30 radios, beaucoup de journaux et médias en ligne) et de plus en plus des gens veulent investir dans le domaine des médias. En opposition, la presse écrite traditionnelle est entrain d’être étouffée par les médias en ligne (Internet), alors que le milieu rural n’en a pas accès. En plus, le secteur des médias au Rwanda n’a pas encore été un véritable domaine de business… Le manque de réflexe dans ce domaine en est la cause principale sans omettre que le monde des médias est complexe, nécessitant le savoir-faire et le professionnalisme.

LNR :  Quel est le rôle de l’Institut Panos Grands Lacs dans cet itinéraire ?

RJPU : Etant vecteur et acteur de paix, de progrès et de développement, IPGL est une ONG internationale œuvrant dans le domaine des médias et de communication dans trois pays : la RDC, le Burundi et le Rwanda. Il y favorise le pluralisme des médias, soutient l’accès à une information indépendante, diversifiée et responsable et contribue à l’expression libre des populations. L’IPGL organise des formations à l’endroit des journalistes en vue de les rendre plus professionnels et met en place des cadres qui suivent de plus près leurs activités en vue d’y apporter des suggestions et orientations. Au Rwanda, l’Institut accompagne cinq médias à savoir Radio Isango star, Radio Izuba, Radio Salus Populis, Igihe et TV 10. L’IPGL a accordé à Rwanda Medias Monitoring huit chaînes de radio et 4 chaînes de télévision en vue de permettre le monitoring qui rentre dans ses attributions. Ces équipements permettront à cette organisation de mieux faire le monitoring en vue de corriger les erreurs des journalistes lors d’une concertation. L’IPGL a placé deux agents (techniciens) dans Rwanda Medias Monitoring qui aident au fonctionnement de ces matériels. Il sponsorise aussi certaines émissions comme celle nommée "Club de la Presse" de chaque dimanche sur Isango Star.

LNR : Qui serait appelé "journaliste" pour ce monde actuel envahi par plusieurs médias : panneaux publicitaires, affiches, réseaux sociaux, etc. ?

RJPU : C’est celui qui est normalement payé par un organe de presse pour la collecte, le traitement et la diffusion (publication) de l’information. Mais en tant qu’enseignant à l’université du Rwanda, je suis contre la loi qui définit le journaliste comme étant toute personne qui a une formation sommaire sur le journalisme. Pourtant, le journalisme est l’art en même temps une profession qui doit être exercée par des professionnels comme il est le cas dans le domaine médical, économique et d’autres.

LNR : Y-a-il des sujets tabous dans la presse rwandaise ?

RJPU : Plutôt des sujets dont on parle peu. C’est la politique, l’économie voire aussi les sujets en rapport avec le patrimoine culturel. Il y a une prolifération des médias qui parlent sport et musique. Les sujets importants ne sont pas évoqués…

LNR : Le secteur des médias est-il rentable ?

RJPU : Ils sont moins nombreux pour se lancer dans les médias qui réalisent des profits, il faudra qu’ils fassent attention, car l’information n’est pas comme toute autre marchandise.

LNR : Trouvez-vous les Rwandais tournés plus vers la radio plutôt qu’à d’autres médias ?

RJPU : L’oralité prime sur l’écrit. La situation est différente dans d’autres pays de l’Afrique (Kenya, Ouganda, Cameroun et ailleurs). Les Rwandais manquent la culture de l’écrit, même pour les personnes cultivées. Le Rwanda est une société des rumeurs, ce qui justifie l’attachement des Rwandais plus à la radio qu’aux journaux.

LNR : Que dire en termes des recommandations ?

RJPU : A l’Etat, il faut une aide pour la reconstruction des médias en renforçant les formations et la mise en place des structures des journalistes. Aux journalistes, ils doivent se battre vaillamment pour leur dignité et revendiquer la redéfinition du statut du journaliste au Rwanda (révision de la loi). Les spécialistes en médias, doivent créer des organes de presses solides à la place de la prolifération des médias non soudés. Enfin, que le public consomme des informations fiables en faisant des répliques (feed-back).

Safari Byuma


 

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