https://www.traditionrolex.com/25 Dr Innocent Nzeyimana : irrigation, un coût élevé

Dr Innocent Nzeyimana : irrigation, un coût élevé

Par 2016-03-28 09:21:47

[caption id="attachment_2829" align="aligncenter" width="747"]Dr Innocent Nzeyimana Dr Innocent Nzeyimana[/caption]


 

Depuis 2001, le Rwanda est engagé dans une course vers une agriculture intensive et extensive. Il a l’ambition d’augmenter sa production agricole de 5 à 8,5% par an avant 2020. Les stratégies y relatives sont multidirectionnelles et centrées sur la conservation du sol, l’irrigation et l’apport des machines agricoles. Le Dr Innocent Nzeyimana, Directeur du Département de Conservation du sol, Irrigation et Mécanisation au sein de l’Office Rwandais d’Agriculture (RAB en sigle anglais), démontre que le coût à l’irrigation est trop élevé et inimaginable, raison pour laquelle le Rwanda va à petit pas vers la modernisation de son secteur agricole. Interview !

La Nouvelle Relève (LNR) : Quel est le rôle de RAB dans la conservation du sol au Rwanda ?

Dr Innocent Nzeyimana (Dr NZI) : Il est chargé de vérifier la mise en œuvre de la politique nationale de lutte contre les érosions. Il fait en quelque sorte la supervision et le suivi des activités des institutions et ONGs engagées pour cette fin. L’objectif s’inscrit dans cette lutte, mais aussi dans la croissance de la production tout en procédant à la réparation des terres dégradées.

LNR : RAB dispose-t-il des chiffres qui témoignent des efforts conjugués vers une agriculture moderne au Rwanda ?

(Dr NZI) : Le pays dénombre autour de 1,4 million ha des terres arables dont 800 à 900 mille ha sont consolidés. Le Rwanda compte en outre, 100 mille ha qui renferment des terrasses radicales et 900 mille ha des terrasses progressives. Force est de montrer que RAB œuvre de concert avec REMA (Rwanda Environment Management Authority) dans l’initiative de la protection de l’environnement surtout lors d’exécution des projets.

LNR : Quoi dire sur l’état actuel de l’irrigation au Rwanda ?

Dr NZI : La politique d’irrigation au Rwanda date de 2001. Selon les études faites, le pays compte 600 mille ha potentiellement irrigables aussi bien dans les marais, sur les collines de pente moins importante que dans les plaines ou vallées. A présent, l’irrigation s’articule sur 44 mille ha, soit 7% sur les aires escomptées.

LNR : Quelle en sont les causes de cette petite progression ?

Dr NZI : Le coût à l’irrigation est trop élevé : 7 à 10 millions de Francs rwandais par ha (9 333 à 13 333$). L’étude du terrain peut engloutir facilement 100 mille FRW par ha (133$), alors que les systèmes d’irrigation sont variés et trop chers. A titre illustratif, le système gravitaire qui consiste à dresser un étang d’eau bien aménagé avec un barrage, sa construction seulement, peut aller jusqu’à 2 milliards de Francs Rwandais (266 666$) et les canaux pour la conduite d’eau s’élèvent à 3 milliards (400 000$) sur une aire de 500 ha. Quand au système d’irrigation par pompage, il faut compter les tuyaux qui constituent le réseau d’irrigation et le pivot en soi. Ce dernier accapare autour de 50 millions de Francs Rwandais (66 666$) alors que ses accessoires peuvent coûter 4 milliards de Frans Rwandais (533 333$). Il faut aussi tenir compte du coût de gestion, d’opération et de maintenance qui peut aller à un million des Francs Rwandais par an (1 333$).

LNR : Que dire alors sur leur durabilité et amortissement ?

Dr NZI : Ces deux systèmes d’irrigation constituent une bonne affaire ! Leurs infrastructures ont une durée d’entre 25 et 50 ans. Une étude montre clairement qu’après 5 ans, l’investisseur peut avoir récupéré tout son argent ayant été injecté dans ces systèmes d’irrigation. En gros, ils sont rentables dans tous les cas, une bonne affaire !

LNR : Dans quel coin du pays l’irrigation a réussi mieux pour ce Pays de Mille Collines ! ?

Dr NZI : La Province de l’Est en avance notamment dans les circonscriptions de Nyagatare, Kayonza, Kirehe, Ngoma et Bugesera. La disponibilité d’eau est le premier facteur en plus de son relief fait de vallées et de petites collines qui permettent l’irrigation. Une étude montre que sur 54 mille ha potentiellement irrigables dans le Bugesera, seuls 3mille ha sont utilisés et à Nyagatare, sur 40 mille ha, seuls 4mille ha sont couverts.

LNR : Y-a-t-il un lien entre irrigation et consolidation de terres arables ?

Dr NZI : En vue de répondre à la question de fragmentation des terres au Rwanda, la population a été sensibilisée d’intégrer la politique de consolidation des terres arables pour une agriculture intensive et extensive. L’Etat lui accorde des infrastructures nécessaires pour l’irrigation. On comprend que l’irrigation ne peut pas s’appliquer à des terres dispersées et découpées, ce qui justifie le lien entre l’irrigation et la consolidation des terres arables. Le Rwanda est l’auteur de cette politique. A présent, d’autre pays trouvent intérêt d’imiter ce modèle rwandais pour son efficacité à accroitre la production agricole.

LNR : Les machines agricoles alimentent-elles l’agriculture au Rwanda ?

Dr NZI : Le pays est à présent au seuil de 18% d’usage des machines dans le secteur agricole rwandais. La mécanisation suppose l’ensemble de toute une chaîne de production mécanique à commencer par les engins qui labourent, sèment, sarclent et récoltent. La logique va même à considérer les usines qui aident à transformer la production. Si l’Etat veut augmenter sa production agricole de 5 à 8,5% par an à travers son programme d’EDPRS II ; c’est que cette chaîne de production mécanique doit être considérée étape par étape. Une des voies pour permettre ce score escompté, a été l’intégration du secteur privé dans le secteur agricole qui utilise ces engins. La mécanisation de l’agriculture est moins chère que celle archaïque…

LNR : Un message aux Rwandais.

Dr NZI : Rien que le changement des mentalités ! Qu’ils sachent que la croissance de la production agricole est tributaire de plusieurs facteurs : semence améliorée, bonne pratique de fertilisation et effort de tout un chacun. Si la technologie nous rassure une production escomptée, je ne vois pas pourquoi la population doit traîner encore ses pieds pour se lancer ardemment dans ce secteur agricole rentable.

Propos recueillis par Safari Byuma


 

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