[caption id="attachment_2924" align="aligncenter" width="776"] Claude Gabiro[/caption]

 

Le Rwanda commémore, le 07 avril, pour la 22ème fois, ses fils et filles qui ont succombé au génocide contre les Tutsi. Les négationnistes et les révisionnistes haussent le ton honteux devant l’humanité toute entière pour nier cette hécatombe sans précédent, commis au vu et au su de la Communauté Internationale. Claude Gabiro en est furieux ! Il demande à tous les Rwandais et aux habitants de la planète, de faire un front sans recul devant ces négationnistes qui veulent altérer la dignité des victimes. Interview  !

La Nouvelle Relève (LNR) : Depuis combien de temps vous êtes agent de la Fédération du Secteur Privé ?

Claude Gabiro (CG) : J’y suis depuis 2008, à présent de je viens de faire donc près de 8 ans.
LNR : Vous occupez quel poste ?

CG : Je suis chargé des services internes et de la logistique. Mon travail m’exige d’œuvrer comme des poumons sans arrêt donc. Nous avons des activités prévues et d’autres nous arrivent à l’improviste. Nous avons l’obligation de les arranger toutes dans le délai.
LNR : Un mot sur votre parcours académique.

CG : J’ai fait la gestion financière à l’Université Libre de Kigali (ULK).

LNR : Trouvez-vous utile de former encore plusieurs universitaires en gestion alors qu’ils sont des milliers au marché du travail ?

CG : Le monde actuel a plus besoin des techniciens que des gestionnaires. Je vogue dans le même bain que le gouvernement du Rwanda qui veut que désormais, les universités privées et publiques forment des techniciens dans différentes disciplines qui peuvent renouer rapidement l’économie du pays. Le Rwanda a besoin des plombiers, des électriciens, des ingénieurs en génie-civil et d’autres plutôt que des gestionnaires et des comptables. Je suis d’accord pour la promotion des écoles professionnelles, tout comme le Ministère de l’Education ne cesse d’y revenir pour encourager les jeunes rwandais d’embrasser ces écoles. Si aujourd’hui le gouvernement du Rwanda favorise la privatisation, ce que les techniciens sont sollicités au premier plan pour activer le secteur privé.

LNR : Remarquez-vous un quelconque pas franchi dans l’unité et réconciliation des Rwandais 22 ans après le génocide contre les Tutsi ?

CG : Un grand pas de géant ! Durant les tous premiers cinq ans post-génocide, le pays était dans la phase des urgences. Il fallait qu’il rapatrie ses anciens réfugiés, qu’il mène une guerre sans merci contre les révisionnistes et les négationnistes (idéologie du génocide), qu’il accélère les procès des présumés génocidaires dans les Juridictions Participatives Gacaca, qu’il renforce les politiques en faveur de l’unité des Rwandais, etc. A partir de la 15 ème année, tout est en ordre, les Rwandais ont déjà compris le bien-fondé de leur unité et réconciliation, les efforts conjugués pour l’établissement de la paix et de l’unité des Rwandais ont leurs mérites. Je salue particulièrement le choix du gouvernement d’avoir accepté d’organiser des débats sur les causes du génocide contre les Tutsi dans les villages. En effet, chaque adulte est interpelé à y prendre place.

LNR : L’idéologie du génocide existe encore dans la communauté rwandaise ?

CG : Certainement, elle a encore de la place dans la communauté rwandaise. Les médias sont les principaux canaux de cette idéologie, à savoir les médias internationaux. Dans les familles rwandaises, cette idéologie n’y pas complètement déracinée, car la Commission pour l’Unité et la Réconciliation se bat toujours pour mettre un terme définitif à ce mal défendu par des hommes et femmes politiques qui ont servi les régimes d’autre fois (avant le génocide).

LNR : Y a-t-il un remède efficace contre cette idéologie ?

CG : C’est peut-être question de génération. Le génocide contre les Tutsi a eu lieu en 1994. Il faudra compter 50 ans à partir de cette date pour espérer à une nouvelle génération non polluée par l’idéologie du génocide. J’ai confiance au leadership en place, car il se démène pour un Rwanda sans discrimination.

LNR : Avez-vous un message à dire aux Rwandais ?

CG : Message de réconfort durant cette période du deuil national à la mémoire des fils et filles du Rwanda qui ont péri dans le génocide contre les Tutsi, un message de faire des répliques aux révisionnistes et négationnistes, comme à Alain Juppé (ancien Ministre français des Affaires Etrangères) qui continue à nier le rôle de la France dans le génocide contre les Tutsi. Sur son tweeter, il a posté un message qui a déplu aux Rwandais. J’ai moi-même rétorqué contre les propos d’Alain Juppé aussi sur tweetter. En effet, Alain Juppé a osé dire que "Faire procès à la France de porter une part de responsabilité dans le génocide au Rwanda est une honte et une falsification historique". D’autres milliers de Rwandais ont fait des répliques fermes à Alain Juppé, en lui rappelant que l’histoire le jurera sévèrement pour le rôle sanguinaire de l’opération turquoise.

Propos recueilli par Safari Byuma