https://www.traditionrolex.com/25 Génocide : les femmes violées en souffrent toujours

Génocide : les femmes violées en souffrent toujours

Par 2016-04-18 09:26:56

[caption id="attachment_2933" align="aligncenter" width="687"]Il faut lutter contre les abus sexuels (Photo internet) Il faut lutter contre les abus sexuels (Photo internet)[/caption]


 

Certaines femmes violées pendant le génocide perpétré contre les Tutsi en 1994, ne parviennent pas encore à mener une vie sexuelle normale. Elles témoignent des conséquences psychologiques que ce mal a sur leur vie, durant toutes les 22 années après ces atrocités.

En effet, le viol est défini comme tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise. Ou encore, c’est un acte par lequel une personne est contrainte à un acte sexuel, par la force, surprise, menace, ruse ou plus largement, sans son consentement.

Dans ce sens on trouve que des fois, le viol est utilisé comme une arme de menace dans le temps de guerre ou crime contre l’humanité tel que le génocide. C’est ainsi que certaines femmes contactées (qui n’ont pas voulues que leurs noms soient identifiées) victimes des viols pendant le génocide perpétré contre les Tutsi en 1994, expriment les diverses conséquences que ce crime de viol a fait sur leur vie psychologique et émotive.

Après avoir été violée pendant plus d’un mois, x déclare que rien n’avait plus de valeur pour elle. Elle se sentait toujours en danger même après la libération du pays par le Front Patriotique Rwandais (FPR). Elle avait toujours peur et ne pouvait pas avoir du sommeil durant plusieurs années, puisqu’elle était convaincue que tout peut arriver n’importe quand même le pire, déplore cette victime.

"J’avais une dépression profonde, tout dans ma vie apparaissait en noir, je pensais toujours à la mort, dans la plupart de fois, je pensais même à me suicider, parce que j’étais profondément touchée dans mon cœur. Ce criminel m’avait dit n’importe quoi, il m’avait lancé des mots blessants comme il veut et la scène de meurtre de ma famille était la seule chose qui occupait mes pensées tout le temps, j’étais gravement traumatisée et je me sentais sans aucune valeur même après la libération, puisque ma jeunesse était toute détruite et ma famille exterminée" ; déplore cette victime du viol contactée.

Environ deux mois après, la victime a su également que le violeur l’a engrossée, c’était un autre fardeau qui pesait sur elle, avoir un enfant d’un violeur, le pire des souvenirs de son calvaire qui pouvait lui arriver. Elle a été encore plus traumatisée, mais elle n’avait d’autre choix jusqu’à la naissance de son bébé garçon. Son enfant n’a pas eu la chance d’être allaité, puisque sa mère était traumatisée par la méchanceté du soi disant le père de l’enfant.
Elle ne voulait pas le voir téter ses seins, puisque ça lui faisait toujours penser à son violeur. Mais après tout, dit-elle, par la grâce de Dieu l’enfant a pu quand même grandir, malgré le manque d’affection pendant tant de jours.

Cependant, dit-elle, jusqu’à présent elle ne veut pas se marier puisqu’elle n’a aucune confiance en tout homme. Cette réaction perturbe ses relations amoureuses dans sa vie courante car, elle ne donne pas confiance aux hommes et depuis ce temps elle vit un dégout sexuel.

A ce sujet, une autre victime de viol dévoile que même s’elle peut faire l’amour, elle s’efforce et de fois, la sexualité apparait comme un sujet d’horreur ou d’un dégoût pour elle. Parfois elle a l’envie de vomir, car ça lui rappelle ce qu’elle avait vécu au moment du viol.

Se libérer des traumatismes d’abus physiques et sexuels

Se libérer des traumatismes causés par une expérience d’abus sexuels, physiques ou psychologiques, est une démarche qui nécessite beaucoup de courage et de persévérance.
Plus les abus ont été sévères et persistants, plus l’empreinte laissée est profonde et difficile à intégrer. Il n’est sans doute pas possible d’effacer complètement les traces de tels traumatismes. Mais il est sûrement possible de parvenir à ce que ces blessures ne soient plus un obstacle important à la vitalité d’une personne abusée, précise le psychologue canadien Gaëtane LaPlante sur le site redpsy.com.

De façon paradoxale, c’est en laissant prendre à ces expériences toute leur place, dans le respect du processus naturel de croissance, qu’une personne pourra s’en libérer. Car, c’est en bonne partie la loi du silence entourant ces abus, qui contribue à les rendre aussi destructeurs. Ouvrir ce sujet, permet alors à la vie de circuler dans les parties du corps et de l’âme sclérosées par le silence, dit-il.

La libération d’une telle expérience passe par une série d’étapes d’ouverture à soi et d’expression de cette expérience. Ces étapes sont entre autre les résistances de la personne abusée, la qualité d’accueil de la victime par le psychothérapeute, l’acceptation du lien symptomatique et des traumatismes d’abus, l’acceptation de regarder la réalité en face car la victime a souvent, des difficultés à consentir à reprendre contact avec ce passé difficile et souffrant, mentionne le psychologue canadien.

La peur et le refus d’avoir à confronter des souffrances qu’elle perçoit encore plus grandes, l’amènent à résister à une telle démarche psychothérapeutique. Il faudra parfois attendre que la personne se soit confrontée à des détresses encore plus grandes. C’est parfois après de multiples tentatives de suicide ratées ou des épisodes de dépression profonde qu’elle finira par consentir à choisir le chemin difficile de l’intégration de son expérience, conclut le psychologue Gaëtane LaPlante.

Chantal Namukunzi


 

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