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Les filles sont nombreuses à exiger la circoncision de leurs futurs époux comme étant une condition sine quo non pour le mariage. Elles restent irréversibles à cette demande malgré le coût et la peine que subissent leurs fiancés, car disent-elles, la circoncision préserve contre les maladies sexuellement transmissibles en plus du cancer de l’utérus. Les hommes obtempèrent bon gré mal gré…

Des jeunes filles, lettrées ou illettrées du secteur administratif de Mushubati, province de l’Ouest, exigent la circoncision à leurs futurs époux comme condition non négociable pour le mariage. Elles sont unanimes à dire que la pratique en soi de la circoncision est à la fois hygiénique et préventive contre les maladies sexuellement transmissibles en plus du cancer de l’utérus.

Providence Mukashema, 25 ans, atteste que les filles de son village de Nyakabuye ne sont plus vues comme des filles frustrées comme auparavant. "Nous sommes déjà émancipées, personne ne peut plus nous tromper. Nous savons le bien-fondé d’être circoncis, nous en exigeons à nos copains et fiancés, sinon l’amitié et le mariage ne peuvent pas être conclus", rassure-t-elle.

Mukashema note que la circoncision est bénéfique aussi bien au sujet lui-même qu’à sa femme. En effet, poursuit-elle, pour les incirconcis, le prépuce sert de réservoir des bactéries et autres microorganismes responsables de plusieurs maladies sexuellement transmissibles, ce qui rend les deux partenaires victimes.

"La radio en parle le plus souvent, les filles et les femmes ne tolèrent plus les incirconcis, car elles sont averties du danger qu’elles courent en cas des rapports sexuels non protégés avec un incirconcis", avertit la trentagénaire Anne Mutuyimana, mère de trois enfants dont le mari est en convalescence.

James Kwizera atteste que pendant les fiançailles, en 2014, sa femme lui avait écrit un sms sur son téléphone portable, lui demandant de se faire circoncire bien avant le mariage afin de fonder leur foyer dans toute sérénité.

"Heureusement, j’étais déjà circoncis une semaine avant cette demande de ma femme", a-t-il révélé. Kwizera mentionne que les femmes sortent de plus en plus de leur silence grâce à l’influence des autorités et la législation sur le "genre".

Les incirconcis discriminés

"Tant mieux de cacher son statut d’incirconcis que de le révéler, car les filles et les jeunes circoncis se moquent incessamment des incirconcis", prévient le jeune chauffeur Emmanuel Nambajimana qui en a été victime dans un débit de boisson. "J’ai été surpris l’an dernier par un copain entrain d’uriner. Aussitôt, il m’a décrié en public comme quoi j’étais incirconcis ou "kafiri" en parallèle avec des qualificatifs humiliants. Le jour suivant, j’ai pris la route du centre de santé pour le rendez-vous de la circoncision".

David Niyonsenga, enseignant dans la localité de Mushubati révèle que les élèves incirconcis sont　 de fois stigmatisés et injuriés par leurs collègues circoncis. Certains parmi eux, en parlent à leurs parents qui restent moins intéressés.

"En termes de réplique à cette menace, certains élèves volent l’argent de leurs parents pour se faire circoncire. D’autres travaillent d’arrache-pied dans les champs, certains vont pêcher dans le lac Kivu en vue de trouver de l’argent pour se faire circoncire ", critique-t-il.

Les filles adultes prêtes au mariage sont informées par certains garçons, leurs amis incirconcis. "Ceux-ci sont nombreux à se faire circoncire, car le gouvernement du Rwanda a établi des facilités", rappelle l’enseignant David Niyonsenga.

Selon Providence Mukashema, "Un homme incirconcis est mal vu dans sa communauté d’appartenance　 : il est considéré comme un irresponsable qui ignore les règles d’hygiène. Mais chez les vieux, il y a une certaine tolérance", montre-t-elle.

Safari Byuma