https://www.traditionrolex.com/25 Rachel Nyiracumi : l’enfant rwandais gâté !

Rachel Nyiracumi : l’enfant rwandais gâté !

Par 2016-05-09 10:30:20

Mme Rachel Nyiracumi  (Photo S. Byuma)

Le génocide contre les Tutsi de 1994 a laissé de côté un grand nombre d’enfants orphelins et familles démunies. AVSI, une ONG, est intervenue au Rwanda au lendemain de cette hécatombe pour sauver la vie des milliers d’enfants survécus. Deux décennies plus tard, d’autres programmes ont vu le jour et centrés, eux aussi sur l’enfant pour la promotion de son bien-être. Pour Mme Rachel Nyiracumi, agente d’AVSI, l’enfant rwandais est gâté et chanceux ! Interview. 

La Nouvelle Relève (LNR) : Quelle sont vos attributions dans AVSI ?

Rachel Nyiracumi (RNY) : Je suis chargée des programmes dans AVSI. C’est une ONG d’origine italienne qui œuvre dans différents pays de la planète. A présent, on dénombre 34 pays dont le Rwanda. AVSI est effectif au Rwanda depuis la fin du génocide contre les Tutsi (juillet 1994). A cette époque, il s’inscrivait dans le domaine d’assistance sociale. Deux décennies plus tard, l’ONG est orientée dans les activités pour le développement rapide du pays. En effet, AVSI met au centre d’intérêt la promotion du bien-être de l’enfant et de sa famille.

LNR : Concrètement, quelles sont les activités d’AVSI au Rwanda ?

RNY : AVSI mène ses activités dans cinq districts administratifs du Rwanda : Kamonyi, Ruhango, Nyanza, Gicumbi et Gatsibo. Là, l’ONG œuvre permanemment. Dans la ville de Kigali, AVSI y est occasionnellement en plus de la ville de Muhanga (sud). AVSI conduit des activités qui visent la promotion du bien-être de l’enfant et de sa famille. Les familles démunies ou vulnérables, sont formées par AVSI. On apprend aux parents comment fructifier une activité quelconque avec un fonds d’AVSI, ce qui aide l’enfant à avoir une vie acceptable (amélioration des conditions socio-économiques) et de pouvoir poursuivre ses études.

LNR : Les familles reçoivent-elles des fonds pour démarrer leurs activités ?

RNY : La philosophie d’AVSI est de permettre aux familles identifiées plus vulnérables de démarrer des activités rentables après un temps. Certes, c’est AVSI qui finance leurs activités. Il ne faut pas sous-entendre qu’il s’agit d’une ONG qui distribue de l’argent, non ? C’est plutôt une nouvelle approche d’aider les familles pauvres à s’en sortir grâce à leurs efforts. C’est pourquoi, AVSI intervient dans trois secteurs : éducation et scolarisation de l’enfant, sa famille et son développement et enfin, lutte contre le viol et protection de l’enfant. AVSI conçoit qu’il est impossible de scolariser un enfant dont la famille est misérable. Il faut un programme précis pour l’enfant et un autre pour sa famille pour les débarrasser de la pauvreté. En plus, AVSI a remarqué que dans les familles démunies, les querelles conjugales sont nombreuses et provoquent le plus souvent des viols. Les enfants sont les premiers à payer le lourd tribut.

LNR : Que fait AVSI dans les districts où il n’est pas permanent ?

RNY : Dans les trois districts de la ville de Kigali en plus de la ville de Muhanga, AVSI forme les jeunes à comprendre les enjeux d’accès à l’emploi. En effet, ils sont formés pour devenir ce que le marché du travail leur demande d’être. AVSI intervient dans le renforcement des capacités des jeunes en collaboration avec des écoles secondaires professionnelles qui se dénombrent à 43. Les jeunes apprennent comment constituer son curriculum vitae, comment avoir une attitude distinguée, comment travailler avec des micros finances, le management d’un projet et autres.

LNR : Quels sont les défis rencontrés dans cet exercice d’aide aux enfants et familles démunies et dans la formation des jeunes ?

RNY : C’est la raison d’être des bureaux permanents et non permanents dans certains districts plutôt que d’autres. La vulnérabilité semble plus endémique dans certaines entités administratives que d’autres. Certaines familles ne respectent pas les clauses signées avec AVSI : des familles s’accaparent de l’argent reçu sans toutefois démarrer leurs affaires. Elles se retournent très vite dans le cercle vicieux de la pauvreté. Il faut un suivi dynamique et la collaboration avec les autorités des entités de base pour freiner cette attitude. Un autre défi vient d’autres ONGS outre AVSI qui ont, soit les mêmes objectifs d’aides sociales, mais avec des stratégies différentes, soit aussi des objectifs et des stratégies quasiment différentes. A ce niveau, les bénéficiaires (enfants et familles) manquent d’orientation et se laissent faire, sans devoir tenir au sérieux la philosophie d’AVSI. Il est aussi difficile de convaincre les jeunes gens qu’il faut étudier sans ambition de demander de l’emploi…

LNR : Comment AVSI collabore avec les écoles professionnelles ?

RNY : Des écoles signent un contrat de partenariat avec AVSI qui consiste à aider les enfants de l’école primaire à posséder de petits projets qui peuvent les aider à avoir de sous, comme par exemple, monter la cuniculture (l’élevage des lapins). Pour les écoles secondaires professionnelles, AVISI collabore avec elles dans des modalités convenues.

LNR : En qualité d’une femme et mère, quelle est l’image de l’enfant dans la sphère rwandaise ?

RNY : L’enfant rwandais est gâté et chanceux, car depuis les échelons administratifs supérieurs jusqu’aux plus bas, la promotion du bien-être de l’enfant rwandais est le slogan. Ceci se résume en des programmes nombreux des ONGs et du gouvernement qui veillent à sa promotion socioéconomique de l’enfant.

LNR : Le chômage au Rwanda est-il une menace au développement des jeunes ?

RNY : C’est une menace à tous les jeunes chômeurs, mais aussi une opportunité aux avisés qui savent mettre en valeur leur savoir-faire pour se lancer là où les autres ne voient pas ou ont échoué.

Propos recueillis par Safari Byuma

 

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