Les résultats d’une recherche réalisée par l’ONG "Ihorere Munyarwanda" (IMRO) montre que les conséquences de la prostitution ne se limitent pas sur la personne sujette seulement, mais s’étendent aussi sur les enfants issus de cette prostitution.

Les résultats d’une recherche publiée la semaine dernière par l’ONG "Ihorere Munyarwanda" (IMRO) sur la prostitution dans la ville de Kigali montrent que les enfants issus de cette prostitution sont victimes d’une délinquance, plus particulièrement de la prostitution pour ceux du sexe féminin.

Cette recherche affirme que 27 femmes interrogées sur 30, ne reconnaissent pas les pères biologiques de leurs enfants, puisqu’elles ont conçu des grossesses indésirables au moment de leur travail quotidien, du fait qu’elles s’accouplaient régulièrement avec plusieurs partenaires, déclare Aimable Mwananawe, directeur d’IMRO.

Cette recherche montre encore que ces enfants indésirables sont victimes d’une irresponsabilité de leurs mères (d’autant plus que leurs pères biologiques restent inconnus), qui ne se soucient pas de leur éducation, de fois même ils sont victimes d’un abandon.

Suite à cette irresponsabilité de ces mères, les doits de ces enfants sont bafoués dans plusieurs sens (éducation, nourriture, …). C’est dans ce sens qu’en luttant pour leur survie, la plupart d’entre eux se lancent dans la délinquance, plus particulièrement la prostitution pour les jeunes filles.

"Tout ceci a de mauvaises conséquences sur la vie physique et psychologique de ces enfants, d’abord ils n’ont pas une bonne référence en éducation suite au comportement de leurs mamans. Ensuite, ils sont victimes des diverses violences physiques et psychologiques de leur entourage et le viol en particulier pour les jeunes filles. Les Rwandais et les instances en charge des droits de l’enfant en particulier, sont invités à investir leurs efforts dans la lutte contre la pratique de la prostitution qui a des mauvaises conséquences sur la personne sujette de la prostitution et ces enfants en particulier" ; mentionne le directeur de IMRO.

Kadusenge est une jeune fille de 22 ans, elle témoigne qu’elle est devenue prostituée suite à l’irresponsabilité de sa mère qui était prostituée, chaque fois, elle la laissait seule à la maison depuis son bas âge.

Un jour quand elle fréquentait la sixième primaire, elle a été victime d’un viol d’un homme qui venait chez elle au rendez-vous de sa mère.

"Un jour lors que je quittais de l’école, un homme qui venait voir ma mère m’a trouvée seule à la maison, pendant que ma mère n’était pas arrivée, il m’a violée et s’en aller directement. Après ce viol, je me suis retrouvé avec une grossesse, j’ai abandonné l’école, et après avoir mettre au monde, je n’avais pas d’autres moyens pour trouver ma survie et celle de mon enfant. Je n’avais pas d’autres choix que de faire la prostitution comme ma mère, jusqu’à présent je pratique toujours cette profession, même si je suis consciente qu’elle est du tout mauvais" ; déplore Kadusenge.

Les prostituées : exposées à différents risques

Pour femme X qui pratique jusqu’à présent la prostitution (qui n’a pas voulu que son nom soit mentionné) l’on sait bien que la prostitution est un métier à risque. Les prostituées n’ignorent pas qu’elles sont exposées à des maladies sexuellement transmissibles telles que le VIH/Sida et bien d’autres. Nécessairement, l’on devrait subir un suivi médical périodique pour essayer de bien préserver la santé, mais la plupart de prostituées ne le font pas.

Ensuite, dit-elle, les prostituées sont également exposées au drame psychoaffectif, puisqu’elles ont le risque de se faire agresser sexuellement ou physiquement.

Dans la prostitution, dit-elle, la dignité de femme est perdue. "Maintes fois, on vit des abus sexuels, émotionnels et physiques avec divers hommes. De fois, on suit les hommes chez eux, où ils viennent à la maison, on fait des relations sexuelles avec des inconnus qu’on rencontre dans la rue et on les laisse exploiter le corps comme si l’on ne valait rien, sous contrainte de gagner de l’argent seulement."

"Dans certains cas, je fais des rapports sexuels sans dire aucun mot. C’est comme si l’on est traité comme un objet et l’on accepte d’être là pour le plaisir du client. N’importe quel homme peut se permettre de toucher sur mon corps sans respect. A vrai dire, je ne peux pas décrire le nombre de fois que je me suis laissé faire par des hommes qui ne me plaisaient même pas et qui me dégoûtaient. Dans certains cas, j’arrive au point de me dégoûter moi-même"　 ; déplore la prostituée X qui a préféré garder l’anonymat.

Cette dernière déclare encore que plusieurs fois, elles sont victimes des violences physiques et d’escroquerie, après avoir livré leurs corps aux clients. Dans ce sens, elle demande aux jeunes filles d’éviter de se lancer dans la prostitution, pour se laisser exploiter par les hommes, plutôt elle leur demande d’exploiter la chance qu’elles ont actuellement, celle d’égalité de sexe surtout dans tous les domaines. Elles doivent compter sur leurs propres efforts pour arriver plus loin, d’autant plus que la prostitution est un métier qui a des conséquences sur la santé, ainsi que la vie humaine, a-t-elle ajouté.

Il est à noter que les résultats de cette recherche peuvent servir à toute personne ou organisation qui veut contribuer à la lutte contre la prostitution. Cette recherche a été réalisée dans trois districts de la ville de Kigali entre autre Gasabo, Kicukiro et Nyarugenge, surtout dans certains endroits minés par la prostitution tels que Migina, Matimba, Sodoma, etc.

Chantal Namukunzi