https://www.traditionrolex.com/25 INTERVIEW :“ Le négationnisme et le révisionnisme du génocide contre les Tutsi existent, il faut des sanctions pour combattre de telles attitudes. »

INTERVIEW :“ Le négationnisme et le révisionnisme du génocide contre les Tutsi existent, il faut des sanctions pour combattre de telles attitudes. »

Par 2015-04-13 13:19:37

[caption id="attachment_710" align="alignnone" width="768"]_ Madame Daphrose Mukamazimpaka , Secrétaire Exécutive ad interim AVEGA-AGAHOZO (Photo Pascal Niyonsaba) Madame Daphrose Mukamazimpaka , Secrétaire Exécutive ad interim AVEGA-AGAHOZO (Photo Pascal Niyonsaba)[/caption]


 

“ Le négationnisme et le révisionnisme du génocide contre les Tutsi existent, il faut des sanctions pour combattre de telles attitudes. »

Le Rwanda et le Monde entier se souviennent pour la 21ème fois du génocide contre les Tutsi du Rwanda en 1994, le thème de 2015 est la lutte contre le négationnisme et le révisionnisme. La secrétaire Exécutive ad interim de l’Association des veuves du Génocide (AVEGA-AGAHOZO) , Mme Daphrose Mukamazimpaka préconise des mesures efficaces de lutte contre ces idéologies pernicieuses qui tendent à faire oublier que le génocide est un crime contre l’humanité qui est punissable et qui reste grave dans les annales de l’Histoire.

Interview…

La Nouvelle Relève (LNR) : nous sommes dans la semaine du deuil national en mémoire des victimes innocentes du génocide contre les Tutsi de 1994. Pour cette année de 2015, le thème développé est la lutte contre le négationnisme et le révisionnisme, pourriez-vous nous rappeler en quoi consistent ces idéologies ?

Daphrose Mukamazimpaka (DM) : personne n’ignore que le génocide contre les Tutsi a bel et bien eu lieu et que même la communauté internationale l’a reconnu. Le négationnisme et le révisionnisme sont des idéologies malheureusement négatives vis-a-vis du génocide reconnu internationalement. Ce sont des individus isolés ou des groupes d’individus qui, par des idées ou des gestes, affichent ce que l’on qualifie de négationnisme et de révisionnisme. Si quelqu’un par exemple durant cette période estime qu’il n’est pas concerné par les débats et conférences dédiés au génocide, il est dans le révisionnisme. S’ils avancent des idées ou posent des gestes qui nient le génocide, il est dans le négationnisme.

LNR : c’est une triste réalité, et il ya des voies de solution pour éviter que ces idéologies ne fassent tache d’huile.

DM : Il faut continuer à éduquer, parler de notre Histoire, continuer la sensibilisation permanente de la population . Il ya ceux qui comprennent vite et font les leurs les enseignements reçus, il ya ceux qui tardent à comprendre et qui adhérent tardivement.

LNR : vous proposerez des actions à entreprendre s’il ya des résistances manifestes.

DM : Oui. Moi je suis pour que l’on procède à des sanctions comme on le fait pour ceux qui ne participent aux autres programmes de l’Etat comme l’UMUGANDA. Ces débats de l’après-midi ne sont pas réservés aux seuls rescapés du génocide. Les médias devraient accorder plus de place aux sujets relatifs au génocide contre les Tutsi. Nous avons constaté que ce sont les intellectuels qui, souvent, sont des leaders d’opinion, qui manquent au rendez-vous car ils relativisent ce qu’ils connaissent. Mais les masses populaires n’ont pas de problèmes, elles sont dociles.

LNR : vous ne sentez pas de menace si les leaders d’opinions restent réticents ?

DM : le fait que les intellectuels que sont surtout les leaders d’opinions ne répondent pas aux activités de mémoire du génocide, c’est un danger car ils véhiculent un mauvais message, ils désorientent les masses laborieuses. Il faut s’attaquer au problème avec sérénité, comme je l’ai dit il faut les blâmer et au besoin les punir. 21 ans ne sont pas beaucoup pour oublier. D’ailleurs le bourreau tue à la fois par l’épée et par l’oubli, les plaies sont à peines cicatrisées.

LNR : nous sommes à l’ère de la communication, il ya les moyens classiques comme la radio, la Télé, les meetings, les journaux mais aussi il ya des réseaux sociaux utilisant le net, vous n’êtes pas dépassés pour répondre à ceux qui les utilisent pour véhiculer le négationnisme et le révisionnisme ?

DM : la lutte contre le négationnisme et le révisionnisme est un combat que nous devons gagner et cela concerne tout le monde. Nous devons visiter les réseaux sociaux et répondre à nos détracteurs par des messages positifs. Il faut s’adapter aux exigences de la communication. Il n’est pas compréhensible que quelqu’un proclame publiquement que le génocide n’a pas eu lieu alors que le monde entier le reconnait, il n’est pas aussi compréhensible que quelqu’un puisse préférer s’endormir alors que ses voisins sont dans des débats à côté. Normalement celui ou celle qui a des idées négatives devraient les garder dans son fort intérieur car il a droit de penser comme il veut mais il n’a pas droit d’intoxiquer les autres.

LNR : votre mot de la fin ?

DM : le génocide n’est possible qu’avec la volonté du pouvoir en place. Actuellement au Rwanda, nous avons un pouvoir qui protège sa population. Chez-nous à AVEGA, nous sommes pour le maintien, pour la continuité pour continuer à mener la lutte contre le négationnisme et le révisionnisme. En d’autres termes, la révision constitutionnelle pour accorder un autre mandat au Chef de l’Etat nous ferait du bien. Nous sommes les victimes du génocide, nous voulons une protection, un état protecteur.

Des propos recueillis par Pascal Niyonsaba


 

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