[caption id="attachment_721" align="alignnone" width="768"] Mme Hayede Parsa (Photo safari Byuma)[/caption]

 

Le monde actuel est confronté à des courants religieux de tendance intégriste : il ya des groupes djihadistes au Proche et au Moyen Orient, en Afrique on connait la terreur au nom d’Allah par Boko Haram au Nigeria, les groupes salafistes pour la prédication et le combat au Magreb, les Frères Musulmans en Egypte, les Shebab en Somalie, les Seleka et Antibaraka en Centrafrique…L’histoire a retenu aussi les Croisades pour libérer la terre sainte. La nouvelle Releve s’est entretenu avec Madame Hayede Parsa de la foi baha’i sur la conception de la religion. Elle dénonce ceux qui tuent au nom de Dieu.

Interview..

La Nouvelle Relève (LNR) : Pouvez-vous vos présenter à nos lecteurs ?

Hayede Parsa (HP) : Je suis née à Téhéran en Iran mais suis de nationalité italienne, j’ai travaillé en République Démocratique du Congo et au Rwanda comme enseignante, disons 28 ans dans la région des grands lacs. Je suis mère de 3 enfants et je suis de la foi bahaïe depuis l’âge de 15 ans.

LNR : Vous êtes secrétaire de l’Assemblée spirituelle nationale des Bahaïs du Rwanda. Que pensez- vous de la violence actuelle au nom des religions ?

HP  : La religion vient pour unir, enseigner l’amour, aucune religion n’enseigne la violence et la haine. C’est quand on s’éloigne de la vraie religion que l’on tombe dans la haine et la violence. Quand on s’éloigne de la lumière on tombe dans l’obscurité. L’intégrisme religieux est une déviation. L’homme a deux natures : spirituelle et matérielle. Quand la nature spirituelle n’est pas développée, l’homme se comporte comme un animal. C’est ce qui se fait avec les mouvements intégristes.

LNR : L’Iran votre pays de naissance est un Etat théocratique avec comme religion d’Etat l’Islam or vous êtes bahaïe donc en contradiction avec la volonté de l’Etat.

HP : J’ai quitté l’Iran avant la révolution de 1979 et la venue du pouvoir des Ayatollah. Mais nous suivons de près les nouvelles de ce pays. La foi Bahaïe est née en 1844 en Iran mais cette année plus de 10 000 personnes ont été tuées parce qu’ils étaient bahaï, il ya actuellement plus de 100 personnes en prison, les jeunes bahaï ne sont pas admis à l’Université, beaucoup de cimetières ont été détruites par les bulldozers, et dernièrement on a fermé plus de 100 magasins des bahaï, or à chaque assemblée générale de l’ONU, on demande à l’Iran de respecter la liberté de culte. Il ya une intolérance religieuse comme il y en a ailleurs. Ici au Rwanda on respecte des religions et c’est très important pour nous.

LNR  : Effectivement vous êtes au Rwanda. Quelles sont vos activités autres que la prédication ?

HP : En ce moment nous travaillons pour la transformation des individus et la société. Mais pour y arriver il faut une collaboration de toutes les religions. Les activités des Bahaïs au Rwanda sont basées essentiellement sur l’éducation : nous organisons les classes morales pour enfants, les activités pour les pré-jeunes (12-15ans), nous organisons des cercles d’études pour adultes et jeunes, des réunions dévotionnelles avec les fidèles des autres religions.

LNR : Quand vous rencontrez d’autres religions il ya de quoi partager, votre nouveauté ?

HP : La foi Bahaï est la dernière religion révélée, or toutes les religions font partie d’un seul plan de Dieu et chaque religion apporte les enseignements adaptés aux besoins, à la maturité et aux capacités de l’époque où elle a été révélée. Notre mot clé est l’unité : unicité de Dieu, unité des religions et unité de l’Humanité. Le Dieu a créé une seule race humaine.

LNR : en parlant de la révélation, il se trouve que les grandes religions monothéistes prennent naissance au proche et au moyen Orient, le Christianisme et le judaïsme en Israël et Palestine, l’Islam en Arabie et Bahaïe en Iran, c’est l’apanage des orientaux n’est-ce pas ?

HP  : Comme le soleil se lève en Orient, c’est le berceau des civilisations monothéistes.

LNR : Comme religion vous avez des interdits ?

HP : On prône la modération dans l’alimentation, on interdit l’alcool et les drogues car ils altèrent la nature de l’homme créé noble.

LNR  : Il ya des religions qui tolèrent la polygamie et d’autres prônent la monogamie, quelle est votre conception de la famille ?

HP : On est pour la monogamie et l’égalité entre l’homme et la femme comme deux ailes d’un oiseau. Le mariage est une institution divine fondée sur l’amour, le respect et la consultation au sein de la famille. Les parents ont le devoir d’éduquer les enfants au niveau physique, intellectuel et spirituel. Pour le planning familial, chaque famille a droit de choisir comme réguler les naissances désirables.

LNR : Votre mot de la fin ?

HP : Nous sommes pour une harmonie entre la science et la religion afin d’éviter de tomber dans le fanatisme religieux, le matérialisme scientifique et la superstitution. Il faut une tolérance religieuse, il ne faut pas aussi tomber dans l’athéisme.

Des propos recueillis par Pascal Niyonsaba