A 22 ans après le génocide, certains Rwandais continuent à témoigner que les ethnies et l’idéologie du génocide inhibent encore le processus de la réconciliation au Rwanda. Les résultats de l’enquête menée en 2015 par la Commission Nationale pour l’Unité et la Réconciliation (CNUR) montrent certaines entités administratives qui en souffrent plus…

Il est encore très tôt de dire que l’unité et la réconciliation des Rwandais ont atteint le paroxysme　 ! Pour un pays qui a connu la pire tragédie du dernier siècle, c’est-à-dire le génocide contre les Tutsi, on comprend bien que la route est encore longue pour croire à la réconciliation totale des Rwandais.

Les résultats de l’enquête réalisée par la CNUR montrent clairement que certaines entités administratives du Rwanda souffrent encore des considérations ethniques et pourquoi pas de l’idéologie du génocide dans certains cas.

Devant la chambre du sénat, le Secrétaire exécutif de la CNUR, M. Fidèle Ndayisaba, a présenté ce mercredi, des chiffres éloquents qui témoignent de l’existence des faits ethniques dans la communauté rwandaise. Il s’agit du district administratif de Musanze, Nord, qui en a parlé au seuil de 79%, celui de Rubavu, Ouest avec 74%, Nyarugenge (Kigali) avec 76%, Ruhango, Sud avec 65%, Nyanza, Sud avec 67%, Nyagatare, Est, avec 64% pour ne citer que ceux-ci.

A priori, les causes de la persistance des ethnies et de l’idéologie du génocide dans ces entités administratives tirent racines dans leur parcours historique. Si l’on tient compte des districts administratifs de Musanze et Rubavu, l’histoire du Rwanda démontre qu’ils furent les localités natales des chefs politiques du régime Habyalimana qui avait planifié et mis en action le génocide contre les Tutsi. En plus, on se souviendra de la guerre des infiltrés “Abacengezi” (1997-2001) principalement dans ces deux districts qui témoignent de la résistance de la population au changement.

Pour ceux du Sud　 : Nyanza et Ruhango, d’emblée, on voit leur histoire pendant l’époque monarchique. Certains Rwandais gardent toujours en tête le concept politique royal, d’où leur difficulté de passer au changement rapide des mentalités.

Très sommairement, le district de Nyarugenge résiste à la réconciliation pour le seul fait qu’il est habité par plusieurs Rwandais non homogènes sur le plan culturel, intellectuel et économique. Beaucoup d’autres hypothèses peuvent expliquer ce refus, mais limitons-nous là seulement…

Dans la Province de l’Est, c’est le district de Nyagatare qui a mis en relief les ethnies comme étant un frein à l’unité et la réconciliation des Rwandais. Le fait hypothétique qui justifierait cette résistance vient du partage des terres arables entre la population pasteur et celle agricultrice.

Lors du retour des réfugiés de 1959 au Rwanda, c’est en 1994, l’Umutara avait un grand espace inhabité. Les réfugiés pasteurs rapatriés ont fondé de grands pâturages pour leurs bétails. Et au fur du temps, une grande population de Musanze et de Gicumbi, Nord qui avait marre à trouver des terres arables, s’y est déplacée (Nyagatare et Gatsibo) pour y acheter des terres.

En gros et de manière aléatoire, on a vu une population non entièrement homogène qui doit cohabiter　 ! Les petits conflits qui en découlent sont le plus souvent basés sur les terres et les bêtes qui peuvent de fois, s’accaparer des cultures des paysans.

Safari Byuma