https://www.traditionrolex.com/25 Le négationnisme et le révisionnisme du génocide contre les Tutsi

Le négationnisme et le révisionnisme du génocide contre les Tutsi

Par 2015-05-31 09:39:06

 

[caption id="attachment_1144" align="alignnone" width="525"]Les victimes du génocide ont été bien ciblées. Des listes avaient été préalablement élaborées. Les victimes du génocide ont été bien ciblées. Des listes avaient été préalablement élaborées.[/caption]

Suivent des notations contradictoires et sibyllines, voire alambiquées, sur le processus du génocide. ”Il suffisait d’exploiter la terreur ambiante d’être tué à moins de tuer le premier. Ce qui a été fait, à des fins de génocide, par les miliciens hutu” : comprenne qui pourra. ”Paradoxalement, dans un pays à massacres récurrents, le génocide n’était pas facile à prévoir.”

Il faut comprendre que l’éclatement des massacres était une donnée quasi naturelle, inévitable mais imprévisible, comme un tsunami, dont le déclenchement est à imputer à d’autres qu’aux responsables des tueries.

Finalement, le lecteur est invité à retenir que ” au prix de centaines de milliers de morts, la guerre a permis la prise de pouvoir du FPR.” Donc, ce ne sont ni la propagande, ni la mobilisation des forces du Hutu power qui seraient déterminantes, mais, de manière détournée, le ” terrorisme aveugle” dont le FPR aurait été l’auteur depuis 1990. L’article s’appuie à ce sujet sur un rapport de gendarmes français qui avaient travaillé avec l’ancien régime.

Bref, si l’accusation est qualifiée d’emblée de ”monstrueuse”, n’est-ce pas parce que les Tutsi seraient des monstres ? À cette imputation s’ajoute le témoignage livré ”par un dirigeant du FPR qui, sous le couvert de l’anonymat, ne veut pas exclure la mise en place d’une cellule autonome chargée d’abattre Habyarimana”. Le génocide a suscité des milliers de témoignages [de Hutu et de Tutsi], des paroles libérées par le désespoir et l’indignation.

En face ont été proposées régulièrement des accusations en miroir provenant de sources anonymes, un anonymat censé être une preuve de la véracité de ce qui est avancé : des ”révélations” face à des témoignages.

Un tournant s’amorce cependant en 1998 avec le rapport, déjà cité, de la Mission parlementaire d’information, qui observe que des photos de lance-missiles lui ont été transmises avec quatre ans de retard par des militaires de l’ancien régime au titre de preuve de la culpabilité du FPR : ” l’intervention des FAR en exil dans cette tentative de désinformation ne les désigne-t-elle pas comme possible protagonistes d’une tentative de dissimulation ?”

Mais ensuite tout se passe comme s’il fallait refermer le couvercle. L’enquête judiciaire lancée par le juge antiterroriste Bruguière prend en fait le contre-pied de la Mission parlementaire. Son ordonnance de 2006 adhère à la thèse complotiste.

”Le général Paul Kagame avait délibérément opté pour un modus operandi qui, dans le contexte particulièrement tendu régnant tant au Rwanda qu’au Burundi entre les communautés hutu et tutsi, ne pouvait qu’entraîner en réaction des représailles sanglantes envers la communauté tutsi qui lui offriraient le motif légitime pour reprendre les hostilités et s’emparer du pouvoir avec le soutien de l’opinion internationale.”

La sortie de ce document avait été précédée d’un véritable battage médiatique. Par exemple, Le Monde entretient le suspense sur ce thème, entre mars et juillet 2004, en guise de commémoration du dixième anniversaire du génocide. Et surtout la trompette de la renommée est embouchée à la fin de 2005 par le ” journaliste d’investigation” Pierre Péan.

Décrivant l’attentat comme s’il y avait assisté, sans avoir jamais mis les pieds au Rwanda, il entend ”grésiller les insectes” dans la nuit du 6 avril sur la colline de Masaka, en une saison où on doit y entendre plutôt coasser les grenouilles. Un officier togolais a, selon lui, ”authentifié ” le message capté du FPR ”Target is hit”. On a vu comment …

Sur la base des certitudes qui fondent également au même moment l’enquête Bruguière, censée ”faire la lumière sur l’attentat”, ce journaliste se drape dans une indignation patriotique pour dénoncer ”le conte pour enfants” qui aurait abusé la communauté internationale quand ”elle a qualifié, toutes affaires cessantes, la tragédie de génocide.”

Ce ”conte” a été cautionné, selon lui, par des associations tiers-mondistes, des reporters trop impressionnés par les horreurs qu’ils avaient vues, des agents de ” l’imposture humanitaire” et enfin des intellectuels égarés, tous étant évidemment des ”faux témoins” au service du ”plan com” du FPR. ”Un récit mythique avalisé par la Fédération internationale des droits de l’Homme”. Le nombre de victimes hutu tuées aurait d’ailleurs été bien supérieur à celui des victimes tutsi.

Cette dernière allégation, évidemment fausse et sans fondement, se trouverait probablement à l’origine de diffamation contre les dirigeants actuels du Rwanda par la journaliste de BBC2, Jane Corbin, entraînant du même coup la suspension de la diffusion des émissions de la chaîne BBC au Rwanda, en modulation des fréquences [FM].

Le fil conducteur de ce violent pamphlet est celui de la fourberie : ”la culture du mensonge et de la dissimulation domine toutes les autres chez les Tutsi, et dans une moindre part, par imprégnation chez les Hutus.”

A suivre…
Jean-Baptiste Rucibigango

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