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Kibeho : terre sainte, vie sans douceur

Par 2015-12-04 12:35:05

[caption id="attachment_2194" align="aligncenter" width="743"]Kibeho où des personnes en provenance du monde entier vont en pèlerinage (Photo archives) Kibeho où des personnes en provenance du monde entier vont en pèlerinage (Photo archives)[/caption]


 

Le 28 novembre 2015, l’Eglise catholique universelle en général et l’Eglise du Rwanda en particulier ont célébre le 34 ème anniversaire des apparitions de Kibeho. Unique et seul endroit en Afrique reconnu par le Saint Siège comme ayant bénéficié de la visite spirituelle de la Vierge Marie.

En effet, en 1981, un groupe de jeunes filles étudiantes au collège de Kibeho indique recevoir régulièrement la visite de Marie. Quelques années après, l’Eglise de Rome confirma que seules trois d’entre elles ont bel et bien bénéficié de la visiste de la Sainte Mère.

Dans le district de Nyaruguru, secteur Kibeho, Colline Kibeho, village de Sinaï, oraisons et chants religieux dont le magnificat résonnent sur un rayon de plusieurs kilomètres autour du mont Sinai.

Emotions et ferveur apparaissaient dans les yeux d’un monde chrétien en général et catholique en particulier rassemblé sur les lieux saints. Plusieurs dizaines de religieux et prêtres conduits par l’Evêque de Gikongoro aident ces croyants à se rapporcher de Dieu. Les Forces de l’Ordre et autorités locales sont également présentes pour veiller à ce que louanges et supplications montent tranquillement vers le Créateur en toute sécurité.

Nul n’est prophète chez soi

En arrivant sur les lieux, pourtant deux jours avant le 28 novembre, rien n’indique qu’une foule immense proche du quart de la population totale d’un district est attendue.

Des gens de Kibeho ne semblent pas enthousiasmés outre-mesure . La vie continue comme si de rien n’était. ”Nous sommes ici, on se ruera au bord de la route pour compter les véhicules des riches venus de Kigali, serrer les mains des Bazungu et on se couchera tard dans la nuit. C’est tout”. Nous confie une villageois de Kibeho.

En outre, pour les propriétaires des boutiques et vendeurs d’objets d’art, la célébration de l’anniversaire des apparitions constitue une occasion opportune et unique en son genre d’accroître leurs chiffres d’affaires et faire gonfler leurs comptes bancaires. ”Combien vaut un dollar en francs rwandais ? Nous en recevrons c’est sûr”. Dit un boutiquier très confiant.

Des pèlerins venus du monde entier profitent de cette occasion unique et affluent
vers une source d’eau amenagée dans une petite vallée à côté. Ils achètent de petits
bidons à la population locale à un prix exorbitant, puisent et emmènent avec eux
cette eau dite bénite et dont l’on dit qu’elle guérit des malades mentaux ou des personnes hantées par par de mauvais esprits.

Les ”Kibehois”, quant à eux, voisins du mont Sinaï, utilisent souvent la même eau pour désaltérer leur bétail, laver des maisons, nettoyer leur vaisselle. La puissance protectrice de cette eau divine s’étend jusqu’aux immeubles, aux vaches et produits laitiers, à la nourriture et aux champs.

Le problème d’hébergement cruellement persistant

Plus de 70.000 têtes de personnes, hommes, femmes et enfants venus de tous les continents et toutes races confondues étaient rassemblées à Kibeho pour la prière et le recueillement.

Le site tout entier compte actuellement moins de 150 lits de chambre. Or avant la date du 28 novembre, toutes les chambres des 4 centres d’acceuil présents à Kibeho sont déjà réservés pour une période qui s’étend du 26 au 30 novembre. Apparemment, cette immense foule ne se souvient pas que le jour compte 12 heures et qu’après vient la nuit et le moment de se coucher.

”Ici tout est difficile. Presque tous les jours de l’année, l’offre est largement supérieure à la demande surtout en logements ou en location de maisons. Nous n’avons pas le droit de réhabiliter nos propres maisons, ni de contruire de nouveaux centres d’accueil de niveau standard pouvant recevoir des visiteurs à revenus modestes. Du coup, les habitués de ces visites spirituelles savent que des réservations de chambres se font des mois et des mois avant. Des fois, des milliers de gens, femmes et enfants passent des jours et des nuits sous un ciel ouvert, faute de logements, sous une pluie torrentielle surtout dans cette période de l’année où la pluie est quotidienne”. Nous dit un homme d’affaire local et qui a requis l’anonymat.

Le site de Kibeho a été mis sur la liste des lieux touristiques nationaux. Le President de la Republique, Paul Kagame, a également promis à la
population de Nyaruguru que la route Huye-Kibeho-Munini sera prochainement
macadamisée. Il y aura sûrement des habitations qui seront détruites parce qu’elles rentreront dans la délimitation de la route. Du coup, pour éviter des constructions en désordre et qui pourraient engendrer des coûts et indemnisations inutiles, un
plan de développement durable du site a été élaboré par les autorités locales. Quiconque veut y investir devra donc s’y conformer.

Sans violer ces consignes, différents hommes d’affaires locaux souhaitent que le
district adoucisse les conditions de construction notamment dans des parcelles
situées sur des avenues secondaires.

Les autorites civiles et religieuses font des efforts pour attirer les investisseurs
privés en mettant en exergue des opportunités financières qu’offre la Terre Sainte.
Un parking moderne est en cours de constructiom, de nouvelles parcelles sont
amenagées, l’électrification des quartiers, l’éclairage public, l’eau coule en permanence, écoles et centre de santé moderne, etc. bref tout est là.

Malgré tout, les investissemens extérieurs privés retardent toujours et encore
à saisir l’occasion offerte par le district de Nyaruguru. Certaines parcelles
préalablement achetées, sont revendues une, deux fois, parfois même à des prix
largement inférieurs, faute de nouveau preneur.

En effet, l’image que reflète les petites maisons en terre battue entassées le long de
la voie principale donne une image moins attrayante aux personnes physiques ou
morales qui auraient l’intention d’instaurer leur business à Kibeho.

Au centre du site de Kibeho, les prix des biens et services de première nécessité comme le logement, la restauration et le transport sont également trop élevés. Un verre ordinaire de lait caillé dans une boutique simple coûte 400 Frw, prix largement supérieur à celui de Nyamirambo ou de Nyagatare, voire même de Bujumbura.

Domice Gasarabwe


 

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