[caption id="attachment_969" align="aligncenter" width="767"] En milieu rural on mange la canne à sucre au lieu du sucre d’usine (Photo Pascal Niyonsaba)[/caption]

 

Le sucre est une denrée de première nécessité dont la fluctuation des prix a des conséquences sur le coût des autres besoins. Le revenu familial détermine normalement la quantité de sucre à consommer en famille. Cependant en milieu rural, les habitants ne donnent pas beaucoup d’importance à la consommation de ce produit nécessaire pour l’organisme.

Depuis le lancement du programme de distribution de l’électricité à grande échelle, des centres ruraux de développement apparaissent de toute part, des villes en puissances. Les gens se pressent à chercher des terrains pour bâtir des habitations et des maisons de commerce le long des routes à cause de la présence des infrastructures d’accueil comme l’électricité, l’eau, les routes et les écoles.

La naissance des activités commerciales et les métiers urbains comme la couture, la soudure et les salons de coiffure et d’hygiène corporelle, permet de diversifier des revenus car l’agriculture souvent rudimentaire reste le principal secteur qui emploie les personnes en âge actif.

Ces mutations en milieu rural sont parallèles aux grandes transformations dans la ville de Kigali car la capitale du Rwanda est la ville industrielle, administrative et commerciale du pays, donc la principale destination économique.

L’approche sur le mode de vie des ménages en se focalisant sur la consommation des denrées de première nécessité dans les foyers serait une illustration comme tant d’autres sur le mode de vie des populations tant rurales qu’urbaines.

Selon Edgar Hakizimana, nutritionniste de formation, il ya une quantité exigée pour la consommation du sucre car c’est une source d’énergie pour le corps (par le métabolisme des glucides et des lipides, deux types de sucre que le corps consomme).

Il affirme que la consommation du sucre est un besoin pour le corps.” Normalement chaque famille devrait être capable de s’approvisionner en sucre car c’est nécessaire pour le corps. Mais malheureusement la pauvreté dans les ménages pousse les gens à se contenter du peu ou de rien !”

Après ce constat, il a été remarqué que les habitants des zones rurales du Rwanda, même ceux des zones viabilisées, consomment peu de sucre. A Ntunga, un centre de négoces qui attire de nouveaux occupants dans le district de Rwamagana dans l’Est du Rwanda, l’on y trouve un grand marché de produits vivriers mais les boutiques environnantes n’ont pas assez de clients pour le sucre.

1. Emmanuel Bonane détient un comptoir de vente pour produits manufacturés parmi lesquels le sucre. Il affirme que cet article de ménage est parmi les marchandises qu’il peine à écouler.

”Ici les clients n’achètent pas le sucre, ils disent que le kilo de sucre est plus cher que la boisson alcoolisée de fabrication locale à laquelle les habitants sont attachés,” révèle Bonane.

”Les ruraux d’ici estiment que le sucre est pour les musulmans et les puritains qui consomment du thé ou de la bouillie,” a affirmé Bonane.

Quand l’on a demandé à Madame Marie Claudine Uwamurera qui venait de faire des bénéfices après la vente de plantains pourquoi ses voisins ne s’intéressent pas au sucre, elle a fait savoir que seuls les habitants de la localité qui ont fréquenté la ville comme Kigali peuvent acheter le sucre mais ils ne sont pas nombreux.

”Les ruraux pensent que la consommation du sucre n’est pas une nécessité car ils ont d’autres substituant comme les fruits sucrés, la canne à sucre ou le miel, mais il faudra savoir qui sont capables de substituer le sucre par ces produits.”

Dans la ville de Kigali le sucre n’est pas que pour les nantis

Une comparaison pour la consommation du sucre entre les habitants de la ville de Kigali prouverait que dans la capitale rwandaise, l’on consomme plus de sucre qu’en milieu rural. Les commerçants sont unanimes que même dans les faubourgs de Kigali on achète le sucre.

Célestin Nsengimana qui tient son commerce du détail dans la cellule de Muyange, secteur Kagarama dans le district de Kicukiro, affirme que même les ménages pauvres font tout pour s’approvisionner en sucre.

”Ils achètent soit un kilo à 700 francs, soit un demi kilo et il ya même qui achètent une quantité de 100 francs même si l’on a des difficultés d’en faire la mesure.”

Cette assertion a été illustrée par la présence de Marie Madeleine Nyirangirente qui voulait seulement un kilo de sucre et qui a affirmé que la consommation du sucre est une culture.

”J’ai mes 70 ans et je consomme du sucre depuis plus de 45ans et même si je suis dans ma retraire, je trouve que le sucre est nécessaire pour un ménage qui doit préparer des boissons chaudes comme la bouillie, les enfants en bas âge ont besoin de boire et même les personnes âgées comme moi doivent boire du chaud avec du sucre.”

Le Rwanda dispose d’une seule sucrerie dont la production ne couvre pas tous les besoins en sucre car il ya des usines agro alimentaires qui consomment des quantités de sucre.

La consommation dans les ménages dépend des revenus et des habitudes alimentaires. Mais autant que le nombre de citadins augmente, autant il y aura des consommateurs de sucre. L’urbanisation et l’augmentation du nombre de citadins sont des signes de développement et la consommation du sucre en est une des manifestations.

Pascal Niyonsaba